En
tête de liste, il y a le prof, non ? C'est le maître, celui
qui vous enseigne et vous initie…
Il est protecteur, attentif comme un parent, mais pas incestueux,
alors on peut y penser.
Le
prof de VAE (je vous passe les détails de l'intitulé de la
discipline, carrément soporifique) : jeune, presque même âge,
voix chaude, regard ténébreux, bien monté, euh…
habillé : costume cravate, chaussure la classe, petite mallette à
jeux érotiques, euh…
à documents. Bon vous l'avez ?
Il
parle, mais vous n'écoutez pas, ou alors dans un effort surhumain
pour contrer vos divagations érotiques. Il vous faut trouver
absolument un quelconque intérêt à ce qu'il dit, autrement vous
risquez de répondre allusivement et de façon très compromettante à
la question qu'il aura posée en soutenant votre regard qui, parce
qu'il divague un peu au niveau de sa ceinture aura attiré son
attention sur vous.
Alors
qu'en pensée, vous êtes déjà à cheval sur ses jambes sur une
chaise qui ne résiste pas à votre étreinte, celui-ci continue,
imperturbable, ne se demandant même pas pourquoi la température
monte de plus en plus dans la salle et pourquoi l'inattention est à
son comble. Heureusement qu'il y a toujours un ou deux fayots,
experts dans l'art de maîtriser leurs émotions et en dehors de
toute réalité sexuelle, pour rattraper le coup et tenir le crachoir
au prof pendant que vous vous remettez tranquillement de la
catastrophe émotive qui vous a frôlée.
Mais
comme c'est un fantasme, le prof en question vient vous voir à la
fin du cours pour savoir ce qu'il vous arrive, tout en ayant
parfaitement compris ce qu'il vous arrive. Il ferme la porte de la
salle de classe lorsque tout le monde est parti, s'avance vers vous
et vous fait : « S'il y a un problème, il faut le dire…
J'ai bien l'impression qu'il y a un problème, moi, et on va le
régler tout de suite. »
Voilà.
Du classique, mais c'est toujours excitant.
Le
prof de sport, encore mieux. Pas plus tard que la semaine dernière.
Un tout jeune prof, enfin mon âge à peu près (ben si c'est jeune)
qui se dandine d'une façon tellement suggestive que des fois, c'est
dur de garder son calme. Il anime la séance de stretching,
mouvements lents, respirations profondes…
Il fait descendre sa main sur son torse pour nous montrer le geste de
la respiration. Bien « gaulé », comme tout prof de sport
qui se respecte. Je me demande s'il a bien conscience de son geste et
de ce qu'il fait… Pas
plus de ses gestes que de ses sorties d'ailleurs…
alors qu'on sue, nous, en appui sur les mains et les pieds, dans la
position du supplicié, il nous fait : « Contractez le
périnée, écartez les jambes… »
Mais c'est pas que le périnée qu'est contracté depuis le début de
la séance, depuis qu'il a fait descendre sa main langoureusement sur
son torse. « N'oubliez pas de respirer… » Comment
veut-il que je respire ? Mon cœur est à son palpitant le plus
fort et je crois bien qu'il va lâcher ! « Si vous n'avez
pas mal, c'est que vous ne contractez pas assez et dans ce cas, je
viens me mettre sur votre dos. » Ah ! Ah ! Il croit
vraiment que ça me fait peur ? Mais oui ! Viens ! Je
n'attends que ça ! Soudain je comprends pourquoi les
ptites jeunettes se mettent au premier rang, dans leurs tenues de
sport courtes et moulantes…
Le
plombier ? Le facteur ? Les gigolos ? Ben non, c'est
pas forcément super excitants, ça, c'est du resucé (si je puis me
permettre), des fantasmes éculés (passez-moi l'expression) qui
n'ont plus que du vulgaire en lieu et place de l'excitant. Si on les
imagine en général bien lotis, on imagine rarement leur
conversation, peut-être aussi à cause des films pour adultes qui
n'aident pas à les imaginer verbeux. De plus, à moins d'être tombé
sur le bon - celui qui s’entraîne, qui se muscle le pénis en
regardant Rocco - la déception risque d'être au bout du couloir. Car
le modèle génétiquement modifié des films pour adultes n'en reste
pas moins de la science-fiction.
Alors
quoi ? Qu'est-ce qui attise le désir ? LES MOTS.
Les
mots qui font jaillir l'émotion, l'excitation. Et pour ceux, comme
moi, qui croient au pouvoir des mots, ce ne sont pas les « gars
de la vie sociale » qui véhiculent le plus nos fantasmes, mais
les poètes, les incompris, les sauvages, les furtifs…
Les baroudeurs, bourlingueurs, aventuriers, beaux-parleurs…
C'est cliché ? Oui mais voilà. Il faut des mots, il faut LES
mots, ceux qui désirent, qui enrobent, qui entourloupent, qui font
croire, qui pénètrent. Je ne dis pas que les facteurs et les
plombiers ne peuvent posséder les mots, je parle du cliché, de la
représentation et le plombier qui a les mots part avec de sérieux
avantages.
Trouver
les mots, assoiffer l'autre de ses mots, faire monter le désir avec
des mots susurrés dans le cou, à l'oreille…
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