Prologue ou Histoire de la fille qui ratait tout

Je ressens le besoin d'écrire mon histoire, de me raconter, comme si j'avais besoin des mots pour me sortir d'une impasse, d'un mal être, d'une incapacité à aller de l'avant. J'ai l'impression d'avoir fini un cycle, d'avoir bouclé une boucle, et d'en avoir saisi le mécanisme, de cette boucle, comme un système complexe et bien rodé dont on finit par percevoir le fonctionnement.

Et à trente ans – trente deux exactement – je crois que je peux le dire, j'en suis là, à ce moment de ma vie où je commence à comprendre mon fonctionnement. J'ai découvert qui j'étais : la fille qui rate tout.

lundi 29 octobre 2012

Sexe - Libre cours à mes fantasmes

N'y allons pas par quatre chemins... Revisitons nos fantasmes.

En tête de liste, il y a le prof, non ? C'est le maître, celui qui vous enseigne et vous initie Il est protecteur, attentif comme un parent, mais pas incestueux, alors on peut y penser.

Le prof de VAE (je vous passe les détails de l'intitulé de la discipline, carrément soporifique) : jeune, presque même âge, voix chaude, regard ténébreux, bien monté, euh habillé : costume cravate, chaussure la classe, petite mallette à jeux érotiques, euh à documents. Bon vous l'avez ?

Il parle, mais vous n'écoutez pas, ou alors dans un effort surhumain pour contrer vos divagations érotiques. Il vous faut trouver absolument un quelconque intérêt à ce qu'il dit, autrement vous risquez de répondre allusivement et de façon très compromettante à la question qu'il aura posée en soutenant votre regard qui, parce qu'il divague un peu au niveau de sa ceinture aura attiré son attention sur vous.

Alors qu'en pensée, vous êtes déjà à cheval sur ses jambes sur une chaise qui ne résiste pas à votre étreinte, celui-ci continue, imperturbable, ne se demandant même pas pourquoi la température monte de plus en plus dans la salle et pourquoi l'inattention est à son comble. Heureusement qu'il y a toujours un ou deux fayots, experts dans l'art de maîtriser leurs émotions et en dehors de toute réalité sexuelle, pour rattraper le coup et tenir le crachoir au prof pendant que vous vous remettez tranquillement de la catastrophe émotive qui vous a frôlée.

Mais comme c'est un fantasme, le prof en question vient vous voir à la fin du cours pour savoir ce qu'il vous arrive, tout en ayant parfaitement compris ce qu'il vous arrive. Il ferme la porte de la salle de classe lorsque tout le monde est parti, s'avance vers vous et vous fait : « S'il y a un problème, il faut le dire J'ai bien l'impression qu'il y a un problème, moi, et on va le régler tout de suite. » 

Voilà. Du classique, mais c'est toujours excitant.

Le prof de sport, encore mieux. Pas plus tard que la semaine dernière. Un tout jeune prof, enfin mon âge à peu près (ben si c'est jeune) qui se dandine d'une façon tellement suggestive que des fois, c'est dur de garder son calme. Il anime la séance de stretching, mouvements lents, respirations profondes Il fait descendre sa main sur son torse pour nous montrer le geste de la respiration. Bien « gaulé », comme tout prof de sport qui se respecte. Je me demande s'il a bien conscience de son geste et de ce qu'il fait Pas plus de ses gestes que de ses sorties d'ailleurs alors qu'on sue, nous, en appui sur les mains et les pieds, dans la position du supplicié, il nous fait : « Contractez le périnée, écartez les jambes… » Mais c'est pas que le périnée qu'est contracté depuis le début de la séance, depuis qu'il a fait descendre sa main langoureusement sur son torse. «  N'oubliez pas de respirer… » Comment veut-il que je respire ? Mon cœur est à son palpitant le plus fort et je crois bien qu'il va lâcher ! « Si vous n'avez pas mal, c'est que vous ne contractez pas assez et dans ce cas, je viens me mettre sur votre dos. » Ah ! Ah ! Il croit vraiment que ça me fait peur ? Mais oui ! Viens ! Je n'attends que ça ! Soudain je comprends pourquoi les ptites jeunettes se mettent au premier rang, dans leurs tenues de sport courtes et moulantes

Le plombier ? Le facteur ? Les gigolos ? Ben non, c'est pas forcément super excitants, ça, c'est du resucé (si je puis me permettre), des fantasmes éculés (passez-moi l'expression) qui n'ont plus que du vulgaire en lieu et place de l'excitant. Si on les imagine en général bien lotis, on imagine rarement leur conversation, peut-être aussi à cause des films pour adultes qui n'aident pas à les imaginer verbeux. De plus, à moins d'être tombé sur le bon - celui qui s’entraîne, qui se muscle le pénis en regardant Rocco - la déception risque d'être au bout du couloir. Car le modèle génétiquement modifié des films pour adultes n'en reste pas moins de la science-fiction.

Alors quoi ? Qu'est-ce qui attise le désir ? LES MOTS.

Les mots qui font jaillir l'émotion, l'excitation. Et pour ceux, comme moi, qui croient au pouvoir des mots, ce ne sont pas les « gars de la vie sociale » qui véhiculent le plus nos fantasmes, mais les poètes, les incompris, les sauvages, les furtifs Les baroudeurs, bourlingueurs, aventuriers, beaux-parleurs C'est cliché ? Oui mais voilà. Il faut des mots, il faut LES mots, ceux qui désirent, qui enrobent, qui entourloupent, qui font croire, qui pénètrent. Je ne dis pas que les facteurs et les plombiers ne peuvent posséder les mots, je parle du cliché, de la représentation et le plombier qui a les mots part avec de sérieux avantages.

Trouver les mots, assoiffer l'autre de ses mots, faire monter le désir avec des mots susurrés dans le cou, à l'oreille


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