Prologue ou Histoire de la fille qui ratait tout

Je ressens le besoin d'écrire mon histoire, de me raconter, comme si j'avais besoin des mots pour me sortir d'une impasse, d'un mal être, d'une incapacité à aller de l'avant. J'ai l'impression d'avoir fini un cycle, d'avoir bouclé une boucle, et d'en avoir saisi le mécanisme, de cette boucle, comme un système complexe et bien rodé dont on finit par percevoir le fonctionnement.

Et à trente ans – trente deux exactement – je crois que je peux le dire, j'en suis là, à ce moment de ma vie où je commence à comprendre mon fonctionnement. J'ai découvert qui j'étais : la fille qui rate tout.

dimanche 28 octobre 2012

Dépression - Si c'était à refaire

Si c'était à refaire, je referais, dans le sens re-faire, recommencer différemment. Je commencerais par être plus à l'écoute de mes émotions. Je délaisserais mes cahiers, mes apprentissages, le bourrage de crâne et la standardisation, et j'écrirais plus, je vivrais plus, j'aimerais. Je suis passée à côté de tout ça. Je croyais que pour être aimée et valable, il fallait que j'ai des bonnes notes, que je sois la meilleure ou parmi les meilleures. Je me suis trompée. Et je me suis enfoncée dans un océan de névroses, d'angoisses, de dépersonnalisation. J'ai pas osé être moi par peur, par conformation à l'avis des autres, par le besoin maladif d'être comme tout le monde, fondue dans la masse, j'ai inhibé mes émotions, je les ai étouffées, rentrées, torturées jusqu'à ce que cela devienne un automatisme. L'automatisme du déni de soi, par peur de décevoir, d'être rejetée. J'étais devenue un zombi. Mes plus grandes inquiétudes étaient de ne pas savoir mes leçons, sans voir que ma plus grande aurait dû être celle de me déposséder. J'ai développé des troubles obsessionnels, comme des choses à répéter cinquante mille fois pour être sûre de les savoir, des gestes de réassurances en pagaille, des tocs. Petit à petit un mal de vivre. Je me souviens qu'à l'âge de 9 ans, je rentrais du CE2 avec des questions existentielles plein la tête, et parmi elles, la certitude de ne pas être heureuse plus tard si je continuais dans cette voie. Chaque soir, travailler, je comptais les années d'études, relativement au brillant parcours que l'on m'avait imaginé, vu mes bonnes notes et mon sérieux. Et je voyais l'avenir sombrement. À 9 ans ! Parce qu'au fond de moi, je ne voulais pas vivre cette vie-là. Mais je ne voulais pas non plus décevoir mes parents. J'étais déjà dans le dilemme le plus grand de l'existence humaine.

Alors voilà. J'y suis arrivée au stade où je me rends compte que j'avais raison, que la petite fille que j'étais avait déjà vu ce qui allait se passer.

J'aurais dû écrire à cette époque. J'aurais peut-être réussi à endiguer ce côté dépressif dans quelque chose de créatif.

J'ai donc compris de ces années, dans ma prison intérieure de la réussite au prix de ma santé, qu'il fallait à tout prix accepter de se laisser déstabiliser par ses émotions : accepter de rougir, d'être gênée, de ne pas tout maîtriser et se foutre à tout prix des paroles vexantes, venant des amis ou de la famille, qui sont souvent des tentatives d'intimidation, soit pour comprendre quelque chose qu'ils ne comprennent pas ou pour faire correspondre quelqu'un ou une situation à l'idée qu'ils s'en font. Ne pas se juger.

Actuellement, j'hérite de tout ce que j'ai lentement mis en place tout au long de ces années de l'évolution de l'enfant à l'adolescente puis à la jeune adulte que j'étais.
 
J'ai un intense besoin d'émotions et une peur panique de ces émotions. J'ai vécu dans l'échec, puis dans l'immobilisme et dans la peur de les accumuler encore. J'avais peur de ne pas être à la hauteur de ce qu'on attendait de moi, aujourd'hui, on n'attend plus grand-chose de moi.

2 commentaires:

  1. Mais tu es beaucoup trop dure envers toi même, cesse donc de t'autoflagéller constamment. Heureusement que tu n'es pas architecte parcequ'une personne comme toi dirait à chaque réunion:
    «_ il y a encore ceci à revoir».
    Positive un peu, dis toi bien que tu vaux autant que les autres et même souvent plus que la plupart d'entre eux.

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    1. Tiens je retrouve ce commentaire auquel je n'avais pas répondu. Merci Obito. Oui, le perfectionnisme. Je m'en, suis détachée au fil du temps, comprenant que cela tournait à l'obsession chez moi.
      Positiver, se faire confiance, tu as tout à fait raison, ce sont les maîtres-mots.
      Bises

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