Prologue ou Histoire de la fille qui ratait tout

Je ressens le besoin d'écrire mon histoire, de me raconter, comme si j'avais besoin des mots pour me sortir d'une impasse, d'un mal être, d'une incapacité à aller de l'avant. J'ai l'impression d'avoir fini un cycle, d'avoir bouclé une boucle, et d'en avoir saisi le mécanisme, de cette boucle, comme un système complexe et bien rodé dont on finit par percevoir le fonctionnement.

Et à trente ans – trente deux exactement – je crois que je peux le dire, j'en suis là, à ce moment de ma vie où je commence à comprendre mon fonctionnement. J'ai découvert qui j'étais : la fille qui rate tout.

jeudi 1 novembre 2012

Sexe - Le Dieu Internet

Mes balbutiements sexuels et amoureux ont été chaotiques. Mon initiation s'est faite avec Tchat plus et Meetic et non avec Stéphane, Antoine ou Matthieu. Les préliminaires étaient donc un peu froids, si l'on considère le manque de réceptivité affective du clavier et de la souris.

«  Bonjour, moi c'est lfqrt.
Enchanté, moi c'est bidule92.
Bon ben quand est-ce qu'on baise ?
T'es dispo, là ?
Oui.
Oké. Viens chez moi, j'habite chez une copine.
D'accord. T'as des capotes ?
Ah non, merde ! Tu peux aller en acheter ?
Oké, je passe à la pharmacie. »

Romantique, non ?

Bon il faut que j'édulcore un peu car ça ne s'est pas vraiment passé comme ça. (et pourtant lorsque je vois certains sites et que je m'approche des forums, j'ai peur que ma fiction ne soit encore bien en deçà de la réalité.) Mais pour moi, parangon d'une certaine pudeur inscrite dans mes gènes, cela a revêtu des atours plus mesquins, presqu'à me faire croire qu'on pouvait trouver le prince charmant comme ça. On ne se connaissait ni d’Ève ni d'Adam, alors on est sortis quelques fois ensemble, se rassurant dans des préliminaires à coups de promenades dans le parc et autre cinéma, et le grand saut ! Un fiasco. Mais le privilège de brandir l'étendard « je ne suis plus vierge » !

Passons. Même s'il a fallu du temps pour que je passe sur cette aventure plutôt expérimentale qu'amoureuse, ma mauvaise conscience m'accusant d'être une fille facile, etc.

Et j'ai remis ça. Meetic, cette fois-ci. Pour trouver l'homme de ma vie, bien sûr.

Un ptit métisse appétissant. Deux-trois tours du parc pour la bonne conscience et hop, grand saut !
Fiasco, mais moins pire. Petit fiasco avec légers frémissements de plaisir.

Était-ce l'homme de ma vie ? Sûrement ! Mais pourquoi n'étais-je donc pas amoureuse ?

Suivant !

Dieu Meetic à l'aide !

«  Bonjour je suis Machin403.
Bonjour, moi c'est lfqrt.
Tu es où ?
Ici. Et toi ?
Là.
Tu viens chez moi ?
Euh (pour faire la fille qui a des principes) d'accord. »

Le soir même je débarque dans l'appartement de Machin403. Il est tout beau, en costard. Cette fois ça va être du sérieux. Il a une bonne situation, il a l'air sympa, drôle et surtout séduit ! Oui, il balbutie, il s'approche de moi précautionneusement, comme si j'étais un petit bijou, il me lance des regards fiévreux et semble être assailli par une moiteur révélatrice. Je suis tellement contente de séduire Je bois un verre, je mange des petits gâteaux, nous flirtons en essayant de se faire chacun un résumé de notre vie (parce qu'on ne se connaît pas du tout et qu'on ne pourra pas coucher avec un parfait inconnu). Dix minutes plus tard, on se met dans le canapé. Et il a envie de m'embrasser. Je suis fébrile, légère, je me sens si bien que je le laisse faire. Il m'embrasse et glisse sa main entre mes jambes. J'en ai très envie et surtout vraiment besoin. Je ne joue pas la résistance. Les jeux sont faits.

« On va dans la chambre ?
Oui », fais-je complètement alanguie de désir. 

Je pensais que c'était l'homme de ma vie. J'y retourne quelques jours plus tard. Nous faisons l'amour et il me demande de partir. La claque.

L'éventuel homme de ma vie devient un plan cul. Et moi, une Enfin non, pas plus que lui, en fait. Mais je ne prends pas la fuite. J'en profite. J'ai tellement besoin de cul. Besoin d'un homme aussi, mais la complicité attendra.

Sauf qu'elle ne vient jamais. Je ne suis pas amoureuse, lui non plus. Je fonds en larmes à plusieurs reprises dans ma voiture, en rentrant chez moi. Je mets un terme.

Mais il m'en fallu encore un, avant de comprendre que Meetic ne proposait que des « plans cul », mais à défaut d'autre chose, je saurais m'en contenter, alors j'y retourne. Le nouveau plan cul a l'air quelqu'un qui cherche le grand amour. Non ! Et si c'était possible alors ? Je suis peut-être la bonne !

On sort un peu ensemble, car celui-là, il faut le ménager. Et puis, il vient chez moi. Il commence à vouloir me faire un massage. Je me laisse faire et le massage devient plus profond, plus intime...

J'essaierai de m'accrocher un peu. Celui-là, il force mon admiration par son statut professionnel et sa vie associative riche et mouvementée. Il me laisse m'accrocher et puis un beau jour, il me dit que son ex-copine l'a relancé et qu'il va se remettre avec elle. Crochet du droit.

C'est moi, ou bien Je devrais perdre confiance, là, non ? Eh bien oui, effectivement. Je capitule et laisse mon clavier aux souris.

Tout ça, en fait, pour découvrir mon corps et me sentir comme tout le monde. Internet Dieu du sexe pour les émotifs et autres complexés, fabrique à putes. Point. Eh oui, Internet a réveillé la pute qui était en moi.

2 commentaires:

  1. drole sans l'etre dans le fond.. mais ecrit avec un style bien franc du collier j'aime! désolé le grand amour c'est un don de Dieu pas d'internet..

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    1. Ah, c'est ça, alors... :-( T'aurais pu le dire plus tôt...

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