Prologue ou Histoire de la fille qui ratait tout

Je ressens le besoin d'écrire mon histoire, de me raconter, comme si j'avais besoin des mots pour me sortir d'une impasse, d'un mal être, d'une incapacité à aller de l'avant. J'ai l'impression d'avoir fini un cycle, d'avoir bouclé une boucle, et d'en avoir saisi le mécanisme, de cette boucle, comme un système complexe et bien rodé dont on finit par percevoir le fonctionnement.

Et à trente ans – trente deux exactement – je crois que je peux le dire, j'en suis là, à ce moment de ma vie où je commence à comprendre mon fonctionnement. J'ai découvert qui j'étais : la fille qui rate tout.

samedi 24 novembre 2012

Vie de chômeur - manque un peu d'beurre…

Le billet que je commence s'appuie sur l'expérience que j'ai vécue récemment au supermarché, qui m'a démontré la vison très partielle de la solidarité de certains soi-disant bénévoles au grand cœur.

Certes, le bénévolat est noble. Il est certain que sans les associations et les ligues de bénévolat, la moitié des pauvres de ce monde seraient déjà morts. Mais merde ! C'est pas parce que tu viens au supermarché du coin que t'as forcément du fric à ne plus savoir qu'en faire. Tous les gens qui flirtent avec le seuil de pauvreté devraient-ils donc, comme des lépreux, vivre dans un territoire balisé, pour ne pas risquer de rencontrer les ceusses plus riches, ou pire ! les bénévoles, qui les renverraient à leur triste sort de façon trop violente pour leurs petites âmes de Pôooovres… ? Apparemment certains doivent le penser. Alors quoi ? Cantonnons-nous aux Aldi ? Netto ? Tout à moins de 1 euro ? Ils feraient pas des échoppes pour les « Tout pour moins de 1 neurone » en même temps, parce que, à ce moment-là, pauvres et riches (et bien-pensants) pourraient au moins se retrouver dans une quasi homonymie de lieux d'approvisionnement.

Non mais c'est quoi le problème ? J'ai pris un chariot, alors le bougre s'imaginait sûrement que comme toute famille à multiples marmots qui se respecte, j'allais le bourrer jusqu'à la garde ? Et sinon, juste pour éviter de se faire mal au dos avec le pack d'eau, ça non, on n'imagine pas ? Mais enfin le pire c'est que même en lui disant que je suis au chômage et que j'ai déjà un peu de mal pour moi, il me gratifie d'un «  et alors, c'est pas une raison… » Alors dis-moi, connard, c'est quoi la raison qui fait que tu auras le droit de te dispenser de sortir tes derniers pesos pour nourrir quelqu'un qui en aura peut-être moins besoin que toi ? C'est d'être assujetti à l'ISF ? D'habiter dans un paradis fiscal ? Parce que, apparemment, ça c'est bien une raison largement suffisante et qu'on ne remettra pas en cause. Tu vas oser lui dire à Mamie Zinzin, tu vas oser aller la chercher dans son Fauchon natal pour lui demander de raquer pour les pauvres ? EH BEN ALORS SI TU OSES, FAIS-LE, CONNARD ! Au lieu de raquer ceux à qui tu devrais donner ta boîte de nouilles à moins de 1 euro spontanément et avec un sourire, au lieu d'essayer de les faire culpabiliser !

Ce petit coup de gueule contre cet abruti de bénévole qui m'a flingué encore plus ma corvée de courses à la recherche des offres promotionnelles, ce qui n'est pas une mince affaire vu les contrefaçons de promotions qui fleurissent en tête de gondole de la plupart des supermarchés, du genre quand tu fais la différence entre le prix du pack soi-disant promotionnel et le prix du même lot à l'unité, tu te rends compte de la supercherie. Du coup, il faut être un yamakasi du supermarché pour en ressortir s'en s'être fait berner d'au moins une dizaine d'euros…

Oui, c'est sûr que c'est mieux, dans la vie, quand t'as des sous.

Déjà, tu pleures pas à chaque fois qu'on t'appelle pour t'offrir des volets ou des fenêtres et qu'on s'excuse parce qu'on ne savait pas que [vous] n'étiez pas propriétaire…

Tu n'as pas non plus à passer trois heures à la caisse du supermarché pour faire valider tes soixante-quinze bons de réduction.

Tu ne vas pas non plus chez Del Arte (ton restaurant le plus hype à toi) que quand t'as la seconde pizza pour 1 euro.

Tu n'invites pas non plus ton ami au Bistrot pour son anniversaire, parce que le jour de son anniversaire, ils lui offrent le repas.

Tu ne rends pas un cadeau qu'on te fait parce qu'il va falloir débourser un peu d'argent pour en profiter pleinement.

Tu ne te demandes pas avec angoisse ce qu'on va t'offrir à Noël, par peur de ne pouvoir répondre à ton tour de façon à peu près équivalente…

Tu ne prends pas ton pain chez Simply parce que la baguette est à 49 centimes… (Tu vas chez Paul parce que la baguette est à 1,15 ct et que pour ce prix-là, le pain est deux fois plus petit, mais tu aimes ce qui est surévalué)

Et surtout, comble de la sauvegarde de ta dignité et de l'estime que tu te portes, tu ne te fais pas glisser dans la main par tes parents, discrètement, un petit chèque avec des zéros parce qu'ils ont pitié de toi… et qu'ils sont morts de culpabilité.

Bref, la liste est longue, mais c'est sûr, hein, et c'est démontré, c'est mieux d'être riche.

2 commentaires:

  1. Bon, je crois que l'on a compris que tu ne fantasmes pas sur les bénévoles...En tous cas la période "Sexe" était moins violente!
    Mais en fait, tu lui as dit quoi en réponse à son "c'est pas une raison" ?

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    1. Que si c'était une raison avec un regard réfrigérant. Mais j'aurais tout autant aimé avoir le courage de lui ouvrir son paquet de nouilles sur le crâne.

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