J'ai honte. Honte de moi.
Honte de ce que je suis devenue. Je suis un bernard l'hermite. On me
touche et je rentre dans ma carapace. Ou un escargot, dès qu'on lui
touche les antennes, il replie tout son barda qu'il avait pourtant
mis des heures à déplier et il disparaît sous sa coquille. Un
gastéropode quoi. Le bilan est pas fameux, donc. Mais un gastéropode
qui aurait un gros appétit sexuel. Hum. On sait bien que la vie
sexuelle des gastéropodes n'est pas réputée des plus pétulantes.
Ptet à cause de la coquille ? C'est pas pratique. Va faire le
missionnaire avec une coquille dans l'dos ! Ben moi j'ai pas
d'coquille en tout cas…
Alors j'ai honte. Honte
de ne pas avoir de coquille et d'être comme un gastéropode. Aussi
empotée, ankylosée dans la vie que si j'avais une coquille collée
dans l'dos.
Mais
j'm'aime pas beaucoup, ou à force, je m'aime trop. Je sais plus. La
frontière est si mince, en fait. On finit par s'aimer un peu, à la
longue, on se prend soi-même d'affection à s'traîner tous ses
kilos de névroses, on apprend à vivre avec, on finit par se
respecter de les supporter.
Mais
y a un moment, faut qu'ça cesse. On ne naît pas pour vivre comme un
gastéropode.
Métro-boulot-dodo,
un ptit plan cul de temps en temps. Elle est où la mise en
perspective là-dedans ma grande, qu'elle me dit ma déesse
intérieure ? Comprendrons ceux qui ont réussi à lire au
moins le premier tome de Fifty
Shades. Je m'imagine
dans la peau de l'héroïne de ces genres de nanar…
la fille trop féminine et décérébrée qu'assume pas et qui tente
de faire croire sans arrêt au coup de la déesse qui s'ignore. Pour
moi la fille que tu as envie de gifler parce qu'elle joue sans arrêt
avec tes nerfs. La fille qu'a l'impression de vivre une vie
difficile avec ses galères de maquillage, de ratage de métros, de
plus de yaourts dans l'fridgo, qui représentent les plus grosses
embûches que porte le monde. Le prototype de la princesse, où celle
qui est élevée dans du coton et qui, pourtant, est persuadée
d'être autonome et rebelle et de vivre dans un monde sans pitié
alors qu'elle est juste bénie des dieux et que tout lui tombe
toujours tout cru dans l'bec. Bref. Moi j'ai rien de cette fille-là,
alors ça me fait rire de parler de déesse intérieure. Dans la
vraie vie, celle où tu te retrouves seule comme une conne dans ton
trente mètres carré parisien, (sans le meilleur ami pédé et la
copine, quoi) t'as intérêt à la laisser dans les cartons ta déesse
intérieure et à pas la sortir trop souvent si tu veux pas passer
pour une demeurée. Comment peut-on se permettre de penser comme la
fille dans Fifty
Shades ? "Oh mon
dieu, il est si beau et quand il se mord la lèvre, j'ai tellement
envie de me pendre à son cou…
hi hi hi. Oh là là je ne sais pas ce que je vais mettre, mon jean
slim ou bien une jupe ? Oh là là…
Je me demande si mon meilleur ami n'est pas amoureux de moi…
oh zut…"
Cette
fraîcheur, cette candeur, m'exaspèrent et pourtant, j'aimerais bien
un seul jour vivre cette légèreté, sans ce sac de nœuds dans la
tête. Je dis pas que je veux devenir aussi conne que les héroïnes
de ces romans pour ados, mais j'aimerais vivre leur ultraféminité,
leur insouciance et légèreté d'esprit rien qu'un ptit peu. Me
lever le matin en me disant qu'aujourd'hui va être une belle
journée, en croquant une pomme, et en me posant comme seule question
celle de savoir si je mets mon slim ou ma jupe ? Ce serait
tellement mieux. Avec un peu d'chance, je rencontrerais rapidement
quelqu'un et je croirais au coup de foudre et à toutes ces conneries
sur la fidélité, qui me rendraient heureuse.
Mais
non. Moi je suis la fille qui ratait tout, mais vraiment. Je fais pas
semblant. Je me lève pas le matin sans projet spécial et comme par
hasard, tellement « open » à la vie que je suis, je
tombe sur le prince charmant au rayon bio du supermarché, et comme
par hasard, c'est le jeune patron d'une entreprise florissante promis
à un bel avenir, célibataire et qui tombe amoureux de moi sur
l'instant et m'offre un emploi de rêve dans son entreprise. Non !
Moi je cours toute la journée sans aucune classe, aucun sex
appeal, mes névroses
plein le dos et l'impression d'être condamnée à une vie déjà
tracée, ce qui fait qu'à un moment donné, je suis fatiguée, alors
je fais la gueule et plus personne me calcule et je rentre chez moi
morose et sans cette putain de déesse intérieure de mes deux !
Ça fait longtemps que je ne pense plus à dire bonjour aux
oiseaux en ouvrant mes volets et que je ne me demande plus quel
bonheur cette journée va-t-elle donc bien m'apporter. Blanche Neige,
elle est loin, voire très loin. Je suis plus proche de la poudre que
du conte de fée même…
... no comment !
RépondreSupprimerSi quand même... l'impression d'aujourd'hui est que tu serais tombée du train, à un moment donné !
Je ne sais pas trop pourquoi, cette impression, d'ailleurs.
Peut être parce ce que tu es si méritante, davantage que nous encore, mais qu'un incident t'a fait trébucher et que le train nous a mené sans se soucier de toi...
Tu y mets du cœur et de la sincérité, dans ce billet... j'adore, encore et toujours...