Cette semaine, je suis la
fille qui gardait l'chat. Le chat de mes parents. Le mien aussi, fut
un temps où je vivais encore sous leur toit. La minette de la
famille, qui traverse les époques et assiste aux fluctuations
familiales, dans la constance et la fidélité, sans se poser de
questions. Le chat d'la famille. Celui auquel on réserve un pré
carré de base qui s'étend au fil des ans eu égard à la fonction
salutaire qu'il occupe par le fait de combler les manques affectifs de chacun.
Alors on lui annexe de plus en plus de territoires et il finit par
avoir un coussin sur chaque surface plane un peu surélevée. C'est
une bouée en forme de chat qui ronronne auquel chacun se raccroche
dans les naufrages du quotidien. Un petit concentré de zénitude,
une petite boule de poil de relaxation qu'on abreuve de bisous et de
caresses pour oublier qu'on en manque cruellement.
C'est donc un juste
retour des choses que je l'héberge, même si comme un fait exprès
qui servirait à nourrir mes angoisses de vieille fille (avec chat)
en devenir, mais je ne lui en veux pas. Je l'aime ce vieux chat. La
vieille fille qui gardait le vieux chat. La vieille fille qui comme
le vieux chat, traverse les époques dans la constance et la
fidélité, en se posant trop d'questions, elle…
La vieille fille qui comme le vieux chat, essaie de tenir le
coup.
Et
de ce côté-là, elle se défend la minette. En âge rapporté, elle a dans les
cent ans, mais elle ne les fait pas. Il faut croire qu'une vie de
chat, ça conserve. Peut-être aussi depuis qu'elle est passée au
bio. Dès les premiers symptômes de l'âge noble, mes parents ont
transformé leur mode d'alimentation en tout bio. Et la minette, tel
l'enfant de substitution au départ des vrais enfants, a suivi. (Il
ne fait d'ailleurs aucun doute que sa félinité préservée lui
vaille d'être une sorte de Jane Fonda des chats du quartier.)
Sans
compter que derrière ses petites moustaches et ce côté espiègle
se cache une vie d'abnégation, de sacrifices et de don de soi. On
lui a demandé au départ, si ça lui allait de se séparer de sa
mère et de sa sœur et de renoncer à avoir des petits, tout ça
pour devenir la marotte d'une famille en manque d'affection ? Non.
Alors ? Elle est bien admirable de s'être ainsi sacrifiée pour
nous. (sauver ?) Sainte
Minette priez pour nous.
Alors
je vais la choyer ma minette qui n'a besoin que d'un bol d'eau, de
croquettes, un coussin pour dormir et une fenêtre ouverte pour
glisser son museau. Je vais la choyer et l'imiter : dormir
beaucoup, manger sainement, passer le nez dehors de temps en temps.
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