Prologue ou Histoire de la fille qui ratait tout

Je ressens le besoin d'écrire mon histoire, de me raconter, comme si j'avais besoin des mots pour me sortir d'une impasse, d'un mal être, d'une incapacité à aller de l'avant. J'ai l'impression d'avoir fini un cycle, d'avoir bouclé une boucle, et d'en avoir saisi le mécanisme, de cette boucle, comme un système complexe et bien rodé dont on finit par percevoir le fonctionnement.

Et à trente ans – trente deux exactement – je crois que je peux le dire, j'en suis là, à ce moment de ma vie où je commence à comprendre mon fonctionnement. J'ai découvert qui j'étais : la fille qui rate tout.

samedi 12 avril 2014

Mange, dors, aime, ou la fille qui gardait l'chat

Cette semaine, je suis la fille qui gardait l'chat. Le chat de mes parents. Le mien aussi, fut un temps où je vivais encore sous leur toit. La minette de la famille, qui traverse les époques et assiste aux fluctuations familiales, dans la constance et la fidélité, sans se poser de questions. Le chat d'la famille. Celui auquel on réserve un pré carré de base qui s'étend au fil des ans eu égard à la fonction salutaire qu'il occupe par le fait de combler les manques affectifs de chacun. Alors on lui annexe de plus en plus de territoires et il finit par avoir un coussin sur chaque surface plane un peu surélevée. C'est une bouée en forme de chat qui ronronne auquel chacun se raccroche dans les naufrages du quotidien. Un petit concentré de zénitude, une petite boule de poil de relaxation qu'on abreuve de bisous et de caresses pour oublier qu'on en manque cruellement.
 
C'est donc un juste retour des choses que je l'héberge, même si comme un fait exprès qui servirait à nourrir mes angoisses de vieille fille (avec chat) en devenir, mais je ne lui en veux pas. Je l'aime ce vieux chat. La vieille fille qui gardait le vieux chat. La vieille fille qui comme le vieux chat, traverse les époques dans la constance et la fidélité, en se posant trop d'questions, elle… La vieille fille qui comme le vieux chat, essaie de tenir le coup.
 
Et de ce côté-là, elle se défend la minette. En âge rapporté, elle a dans les cent ans, mais elle ne les fait pas. Il faut croire qu'une vie de chat, ça conserve. Peut-être aussi depuis qu'elle est passée au bio. Dès les premiers symptômes de l'âge noble, mes parents ont transformé leur mode d'alimentation en tout bio. Et la minette, tel l'enfant de substitution au départ des vrais enfants, a suivi. (Il ne fait d'ailleurs aucun doute que sa félinité préservée lui vaille d'être une sorte de Jane Fonda des chats du quartier.)
 
Sans compter que derrière ses petites moustaches et ce côté espiègle se cache une vie d'abnégation, de sacrifices et de don de soi. On lui a demandé au départ, si ça lui allait de se séparer de sa mère et de sa sœur et de renoncer à avoir des petits, tout ça pour devenir la marotte d'une famille en manque d'affection ? Non. Alors ? Elle est bien admirable de s'être ainsi sacrifiée pour nous. (sauver ?) Sainte Minette priez pour nous.
 
Alors je vais la choyer ma minette qui n'a besoin que d'un bol d'eau, de croquettes, un coussin pour dormir et une fenêtre ouverte pour glisser son museau. Je vais la choyer et l'imiter : dormir beaucoup, manger sainement, passer le nez dehors de temps en temps.


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