J'ai passé une partie de
ma vie à l'installer, à la nourrir, à l'entretenir et du coup,
c'est comme un locataire récalcitrant, ça part pas comme ça. Ça
transige, ça réclame des aménagements, ça fait des promesses que
ça tient pas. Et si on menace, ça s'énerve. Parce que ça a des
droits. Depuis le temps que c'est là, ça s'est renseigné, ça
s'est créé un réseau, ça a produit des racines…
et ça finit par te prendre en otage !
Telle
est ma dépression.
Alors il faut être rusée, plus rusée que sa bourrelle (oui, ça existe même s'il faut avouer que le mot est un contresens phonologique) et s'en faire une alliée…
Puisque
la manière forte n'a rien donné (j'en ai déjà écrit des lignes
sur les méthodes essayées parmi lesquelles la sexothérapie reste
la plus probante), alors essayons la manière douce, dont le maître
mot est : ACCEPTER.
« Oui,
j'accepte ma dépression, bordel de trou du cul de mammouth
(permettez-moi quand même d'y laisser un peu de rancune). J'accepte
ma dépression et j'arrête de la provoquer par des méthodes débiles
qui ne font que la renforcer plutôt que l'inverse, et je la tolère !
TOI, Dépression, tu as le droit d'être là (ah ça t'en bouches un
coin, hein ?) Manifestement, je t'ai ouvert la porte, (ou bien ne
l'ai-je pas bien fermée), alors tu es entrée. Je t'ai permis de
t'installer, par manque de courage ou par naïveté et, bien
évidemment, tu as fini par prendre tes aises. Alors soit !
Puisque c'est une erreur de ma part, reste ! C'est vrai,
j'aurais dû réagir avant…
sauf que si je ne l'ai pas fait, c'est ptet bien parce que j'avais
besoin de toi, oui, peut-être que j'avais besoin de toi pour…
exister. Alors je vais encore plus loin et je te remercie,
carrément ! Oui, merci ma dépression d'avoir constitué pour
moi un moyen d'exister, car, si ça se trouve, sans toi, je me serais
effondrée. Alors merci. Merci, mais pas trop quand même…
parce que vois-tu, ma dépression, maintenant, la donne a changé,
les cartes sont redistribuées. J'ai mûri. J'ai découvert certaines
choses qui m'ont libérée, je ne suis plus la jeune fille timorée,
pudibonde et hypersensible que j'étais. J'ai accepté de découvrir
la vie dans sa globalité et donc, j'aimerais que tu lâches un peu
de lest. Mais je sais que tu ne veux pas partir et que tu recèles de
moyens pour t'accrocher, aussi, je viens te dire que je ne t'en veux
plus. J'accepte ta présence et je vais arrêter d'être méchante
avec toi. Je vais être plus compréhensive. Seulement, faisons un
deal. Si je t'accepte, en contrepartie, apprends-moi des choses sur
moi et explique-moi comment t'apprivoiser. Apprends-moi, en somme, à
te comprendre. Car peut-être que, te sentant enfin comprise et
acceptée, tu pourras prendre ton envol et me quitter ?
»
Ah !
Ma dépression, ma douce dépression…
ma Léa* :
elle est pas jolie, elle est pas moche non plus, elle est pas froide,
elle est pas chaude, elle est pas à gauche, elle est pas à droite,
elle est pas maladroite, elle est pas inspirée, elle est patiente,
elle est passe-temps, elle est passable, elle est pas stable, elle
est pas partout, elle dit qu'elle partira ou elle est même pas
venue, elle est partisane, elle est pas sortable, elle est pas
terroriste, elle est pas anti-terroriste, elle est
pas méchante, mais putain qu'est-ce qu'elle est chiante…
*
Léa,
extraits des paroles de la chanson de Louise Attaque
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