Prologue ou Histoire de la fille qui ratait tout

Je ressens le besoin d'écrire mon histoire, de me raconter, comme si j'avais besoin des mots pour me sortir d'une impasse, d'un mal être, d'une incapacité à aller de l'avant. J'ai l'impression d'avoir fini un cycle, d'avoir bouclé une boucle, et d'en avoir saisi le mécanisme, de cette boucle, comme un système complexe et bien rodé dont on finit par percevoir le fonctionnement.

Et à trente ans – trente deux exactement – je crois que je peux le dire, j'en suis là, à ce moment de ma vie où je commence à comprendre mon fonctionnement. J'ai découvert qui j'étais : la fille qui rate tout.

mardi 18 mars 2014

Pas méchante, mais putain qu'est-ce qu'elle est chiante

Va falloir que j'm'en fasse une amie de ma foutue dépression.
 
J'ai passé une partie de ma vie à l'installer, à la nourrir, à l'entretenir et du coup, c'est comme un locataire récalcitrant, ça part pas comme ça. Ça transige, ça réclame des aménagements, ça fait des promesses que ça tient pas. Et si on menace, ça s'énerve. Parce que ça a des droits. Depuis le temps que c'est là, ça s'est renseigné, ça s'est créé un réseau, ça a produit des racines… et ça finit par te prendre en otage !
 
Telle est ma dépression.

Alors il faut être rusée, plus rusée que sa bourrelle (oui, ça existe même s'il faut avouer que le mot est un contresens phonologique) et s'en faire une alliée…
 
Puisque la manière forte n'a rien donné (j'en ai déjà écrit des lignes sur les méthodes essayées parmi lesquelles la sexothérapie reste la plus probante), alors essayons la manière douce, dont le maître mot est : ACCEPTER.
 
« Oui, j'accepte ma dépression, bordel de trou du cul de mammouth (permettez-moi quand même d'y laisser un peu de rancune). J'accepte ma dépression et j'arrête de la provoquer par des méthodes débiles qui ne font que la renforcer plutôt que l'inverse, et je la tolère ! TOI, Dépression, tu as le droit d'être là (ah ça t'en bouches un coin, hein ?) Manifestement, je t'ai ouvert la porte, (ou bien ne l'ai-je pas bien fermée), alors tu es entrée. Je t'ai permis de t'installer, par manque de courage ou par naïveté et, bien évidemment, tu as fini par prendre tes aises. Alors soit ! Puisque c'est une erreur de ma part, reste ! C'est vrai, j'aurais dû réagir avant… sauf que si je ne l'ai pas fait, c'est ptet bien parce que j'avais besoin de toi, oui, peut-être que j'avais besoin de toi pour… exister. Alors je vais encore plus loin et je te remercie, carrément ! Oui, merci ma dépression d'avoir constitué pour moi un moyen d'exister, car, si ça se trouve, sans toi, je me serais effondrée. Alors merci. Merci, mais pas trop quand même… parce que vois-tu, ma dépression, maintenant, la donne a changé, les cartes sont redistribuées. J'ai mûri. J'ai découvert certaines choses qui m'ont libérée, je ne suis plus la jeune fille timorée, pudibonde et hypersensible que j'étais. J'ai accepté de découvrir la vie dans sa globalité et donc, j'aimerais que tu lâches un peu de lest. Mais je sais que tu ne veux pas partir et que tu recèles de moyens pour t'accrocher, aussi, je viens te dire que je ne t'en veux plus. J'accepte ta présence et je vais arrêter d'être méchante avec toi. Je vais être plus compréhensive. Seulement, faisons un deal. Si je t'accepte, en contrepartie, apprends-moi des choses sur moi et explique-moi comment t'apprivoiser. Apprends-moi, en somme, à te comprendre. Car peut-être que, te sentant enfin comprise et acceptée, tu pourras prendre ton envol et me quitter ? »
 
Ah ! Ma dépression, ma douce dépression… ma Léa* : elle est pas jolie, elle est pas moche non plus, elle est pas froide, elle est pas chaude, elle est pas à gauche, elle est pas à droite, elle est pas maladroite, elle est pas inspirée, elle est patiente, elle est passe-temps, elle est passable, elle est pas stable, elle est pas partout, elle dit qu'elle partira ou elle est même pas venue, elle est partisane, elle est pas sortable, elle est pas terroriste, elle est pas anti-terroriste, elle est pas méchante, mais putain qu'est-ce qu'elle est chiante…
 
* Léa, extraits des paroles de la chanson de Louise Attaque

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