Ah je fais trop tièp' comme disent
les djeun's. Je viens de parler à Charlotte en fermant mes volets.
Charlotte a fait sa toile sur les barreaux du garde-corps de ma
fenêtre. Peut-être vous ai-je déjà parlé d'elle…
C'est mon "pet" comme disent les anglo-saxons. Mon animal
familier quoi. (sinon ça veut rien dire on est d'accord.)
Charlotte
ne doit son seul salut qu'à mon syndrome de solitude. En des temps
ordinaires et plus cléments, elle aurait sans doute connu la marque
de mes savates, admettant qu'elle en eût le temps,
et de Charlotte - ou de ce qui serait resté à l'état de cri
hystérique avec au mieux comme sobriquet (même si beaucoup moins
glamour) "Espèce de sale bête !" ou "Putain
d'araignée de merde !" - et de Charlotte donc, point d'histoire
commune tissée (ah ah) au fil des jours…
La
solitude de la Working class, c'est ça : fi des cris d'hystérie et
des gestes irréparables à l'encontre du monde de l'infiniment petit.
Pas de place dans le budget pour toutou, son Canigou et ses vaccins, alors on parle à l'oreille du taon ; on respecte le cafard, on glorifie la
mouche, car on les voit, eux, si souvent oubliés, négligés et
bafoués ; dans notre monde de l'immobilisme, le mouvement d'une aile
de papillon, le bourdonnement d'un coléoptère, la lente progression
du lombric sur la feuille du ficus prend une dimension sacrale, comme
si toutes ces petites compagnies inattendues étaient envoyées par
Dieu lui-même pour briser notre solitude.
Oui,
Charlotte a sa place dans ma famille.
J'aimerais
partager plus de choses avec elle, mais elle a un caractère
difficile qui ne s'accomode pas de trop d'originalités. Alors je la
laisse tranquille. Je lui dis bonjour le matin, bonne nuit le soir
et parfois je lui permets de s'abriter à l'intérieur s'il pleut
trop. Je n'ai pas encore fait de rond de serviette à son nom, mais
peu s'en faut.
Fort
de ce constat, je suis sortie ce week-end et je me suis enfilée deux
Casse-tête et une Despe…
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire