Ah comme la vie est compliquée. Si
l'on ne se croyait pas immortel, ptet qu'on se prendrait moins la
tête ? Mais s'il faut frôler la mort pour que cesse un peu le
charivari dans la casbah…
Je
cherche des réponses, partout. J'en trouve dans les paroles de mes
parents, pleines de craintes, dans le discours de ma psy, plein
d'empathie, dans les forums du Web, pleins de désespoir, dans les
yeux de mon nouvel amant, pleins de désir, dans les yeux de mon ex,
pleins de larmes…
Des
réponses. À une question qui n'est même pas posée. Quelle est
donc ma question, ce mystère qui dirige ma vie ? Pourquoi ?
Mais pourquoi quoi ?!
Est-ce
qu'on arrête de se poser ce genre de problème quand on est
heureux ? Est-ce qu'on arrête de soupirer ?
Je
soupire, moi, encore et encore, depuis la nuit de mes temps, je ne
suis plus qu'un gros soupir qui tente d'alléger une carcasse comblée
de ce trop-plein de vide.
Alors
j'écris. Pour éloigner la peur, éloigner la routine, me sentir
penser, et ne pas devenir un automate prêt à tous les sacrifices.
Je me centre sur moi, je m'écoute, je me parle, je cherche une voix
intérieure, un réconfort…
un brassage d'idées, de mots à assembler pour donner du sens à une
situation qui en manque…
Je
repense à ce que j'ai fait dans la journée, à ces gens que j'ai
tenté d'aider, de faire avancer, alors que moi-même je n'avance
déjà pas très bien. C'est l'hôpital qui se fout de la charité,
mais j'évite de trop y penser. J'ai les mots, le discours rassurant,
la capacité de chercher et de trouver des solutions, même si je ne
les incarne pas très bien et que ma motivation défaille souvent. Je
voudrais me montrer plus convaincante, insuffler de la motivation là
où il en manque tant, redonner le courage à ces gens fragilisés.
Ce serait tellement plus facile. Mais voilà que je doive me
convaincre moi-même avant, et que le travail n'en devient donc que
plus difficile.
Et
si moi aussi, un jour, j'étais sous tutelle ? Une angoisse qui
surgit au détour d'une connexion synaptique. Ne plus être maître
de soi, ne plus pouvoir gérer sa vie, être obligé de déléguer
son libre-arbitre, faire confiance, se sentir diminué…
lutter contre la démence, la déchéance…
et hurler, crier sa haine, son désespoir, sa litanie de pourquoi ?
Comme ce jeune homme d'à peine vingt-deux ans qui m'amène tous ses
rêves avec lui et les dépose en vrac sur mon bureau : « je
veux monter mon entreprise, apprendre le chinois et savoir faire des
saltos. – Mais pourquoi tous ces besoins oppressants et
démesurés ? – Parce que je veux réussir, et gagner de
l'argent, comme Richard Branson. Il avait pas de diplôme, lui non
plus, et il a réussi. – Oui, c'est vrai. Il a réussi. Et c'est
vrai que tu peux réussir aussi, à ton niveau, patiemment. – Alors
qu'est-ce que t'attends pour m'aider à monter mon entreprise ?
– Patiemment, on a dit. Ce qui veut dire qu'il te faudra d'abord te
former à un métier et puis gravir les échelons… comme Richard
Branson. – O.K. Alors trouve-moi une formation. Et aussi, je t'ai
dit, je veux savoir faire des saltos. – Mais pourquoi ? –
Mais parce que, c'est comme ça. – Oui, tu peux faire de la gym, il
faut trouver un club. Il doit bien y en avoir un près de chez toi. –
D'accord… Et apprendre
la chinois ? – Je peux te redemander pourquoi ? – Parce
qu'y a plus de travail là-bas et je gagnerai mieux ma vie. – O.K.
On va voir ce qu'on peut faire… »
Mais
pourquoi ? Pourquoi je peux pas faire comme Richard Branson ?
Pourquoi je parle pas chinois, je sais pas faire de saltos, j'ai pas
le cerveau d'Einstein, le compte en banque de Bill Gates et le
charisme de Ryan Gosling ? Pourquoi j'ai pas ma part du gâteau,
moi ?
:-(
Bon…
et si on regardait sur internet les clubs de gym près de chez toi ?
C'est GÉNIAL ! Un vrai plaisir de te lire.
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