Prologue ou Histoire de la fille qui ratait tout

Je ressens le besoin d'écrire mon histoire, de me raconter, comme si j'avais besoin des mots pour me sortir d'une impasse, d'un mal être, d'une incapacité à aller de l'avant. J'ai l'impression d'avoir fini un cycle, d'avoir bouclé une boucle, et d'en avoir saisi le mécanisme, de cette boucle, comme un système complexe et bien rodé dont on finit par percevoir le fonctionnement.

Et à trente ans – trente deux exactement – je crois que je peux le dire, j'en suis là, à ce moment de ma vie où je commence à comprendre mon fonctionnement. J'ai découvert qui j'étais : la fille qui rate tout.

mardi 3 septembre 2013

Richard Branson

Ah comme la vie est compliquée. Si l'on ne se croyait pas immortel, ptet qu'on se prendrait moins la tête ? Mais s'il faut frôler la mort pour que cesse un peu le charivari dans la casbah…
 
Je cherche des réponses, partout. J'en trouve dans les paroles de mes parents, pleines de craintes, dans le discours de ma psy, plein d'empathie, dans les forums du Web, pleins de désespoir, dans les yeux de mon nouvel amant, pleins de désir, dans les yeux de mon ex, pleins de larmes…
 
Des réponses. À une question qui n'est même pas posée. Quelle est donc ma question, ce mystère qui dirige ma vie ? Pourquoi ? Mais pourquoi quoi ?!
 
Est-ce qu'on arrête de se poser ce genre de problème quand on est heureux ? Est-ce qu'on arrête de soupirer ?
 
Je soupire, moi, encore et encore, depuis la nuit de mes temps, je ne suis plus qu'un gros soupir qui tente d'alléger une carcasse comblée de ce trop-plein de vide.
 
Alors j'écris. Pour éloigner la peur, éloigner la routine, me sentir penser, et ne pas devenir un automate prêt à tous les sacrifices. Je me centre sur moi, je m'écoute, je me parle, je cherche une voix intérieure, un réconfort… un brassage d'idées, de mots à assembler pour donner du sens à une situation qui en manque…
 
Je repense à ce que j'ai fait dans la journée, à ces gens que j'ai tenté d'aider, de faire avancer, alors que moi-même je n'avance déjà pas très bien. C'est l'hôpital qui se fout de la charité, mais j'évite de trop y penser. J'ai les mots, le discours rassurant, la capacité de chercher et de trouver des solutions, même si je ne les incarne pas très bien et que ma motivation défaille souvent. Je voudrais me montrer plus convaincante, insuffler de la motivation là où il en manque tant, redonner le courage à ces gens fragilisés. Ce serait tellement plus facile. Mais voilà que je doive me convaincre moi-même avant, et que le travail n'en devient donc que plus difficile.
 
Et si moi aussi, un jour, j'étais sous tutelle ? Une angoisse qui surgit au détour d'une connexion synaptique. Ne plus être maître de soi, ne plus pouvoir gérer sa vie, être obligé de déléguer son libre-arbitre, faire confiance, se sentir diminué… lutter contre la démence, la déchéance… et hurler, crier sa haine, son désespoir, sa litanie de pourquoi ? Comme ce jeune homme d'à peine vingt-deux ans qui m'amène tous ses rêves avec lui et les dépose en vrac sur mon bureau : « je veux monter mon entreprise, apprendre le chinois et savoir faire des saltos. – Mais pourquoi tous ces besoins oppressants et démesurés ? – Parce que je veux réussir, et gagner de l'argent, comme Richard Branson. Il avait pas de diplôme, lui non plus, et il a réussi. – Oui, c'est vrai. Il a réussi. Et c'est vrai que tu peux réussir aussi, à ton niveau, patiemment. – Alors qu'est-ce que t'attends pour m'aider à monter mon entreprise ? – Patiemment, on a dit. Ce qui veut dire qu'il te faudra d'abord te former à un métier et puis gravir les échelons… comme Richard Branson. – O.K. Alors trouve-moi une formation. Et aussi, je t'ai dit, je veux savoir faire des saltos. – Mais pourquoi ? – Mais parce que, c'est comme ça. – Oui, tu peux faire de la gym, il faut trouver un club. Il doit bien y en avoir un près de chez toi. – D'accord… Et apprendre la chinois ? – Je peux te redemander pourquoi ? – Parce qu'y a plus de travail là-bas et je gagnerai mieux ma vie. – O.K. On va voir ce qu'on peut faire… »
 
Mais pourquoi ? Pourquoi je peux pas faire comme Richard Branson ? Pourquoi je parle pas chinois, je sais pas faire de saltos, j'ai pas le cerveau d'Einstein, le compte en banque de Bill Gates et le charisme de Ryan Gosling ? Pourquoi j'ai pas ma part du gâteau, moi ?
:-(
 
Bon… et si on regardait sur internet les clubs de gym près de chez toi ?

1 commentaire: