Prologue ou Histoire de la fille qui ratait tout

Je ressens le besoin d'écrire mon histoire, de me raconter, comme si j'avais besoin des mots pour me sortir d'une impasse, d'un mal être, d'une incapacité à aller de l'avant. J'ai l'impression d'avoir fini un cycle, d'avoir bouclé une boucle, et d'en avoir saisi le mécanisme, de cette boucle, comme un système complexe et bien rodé dont on finit par percevoir le fonctionnement.

Et à trente ans – trente deux exactement – je crois que je peux le dire, j'en suis là, à ce moment de ma vie où je commence à comprendre mon fonctionnement. J'ai découvert qui j'étais : la fille qui rate tout.

dimanche 17 mars 2013

Mon passager sombre

Je suis chaque fois à la croisée de mon destin. Lorsque je suis en présence d'un homme qui me plaît, je ne sais jamais qui prendra le dessus. La fille qui se libère et se laisse aller ou bien le passager sombre, celui qui retient mes émotions et me renferme sur moi-même. J'ai vraiment l'impression d'être le jouet de cette dualité, prisonnière de cette angoisse, tributaire d'un choix qui se fait à mon insu. Qui prendra le dessus ? Ma dextérité libératrice ? Ou bien ma dextérité mortifère ?
 
Comme un équilibriste, je marche, vacillante, sur le fil de ma destinée du moment. Et souvent je tombe sans que personne ne me rattrape. J'en ai des bosses à cause de ce numéro d'équilibriste...
 
Alors à toi qui me gâches la vie, toi mon passager sombre, j'aimerais te dire : si tu veux te reposer un peu, n'hésite pas. Il est grand temps pour toi de prendre des vacances, tu bosses tellement dur toute l'année pour inhiber chacune de mes émotions et me plier à ton désir de contrôle et de sape. Je le vois bien, lorsque je réussis enfin à me détendre, à me libérer, tu brandis sous mon nez ce vieux manque de confiance et tu l'agites sadiquement jusqu'à ce que j'en sois gavée et imprégnée. Tu es fort, rusé, tenace, mais maintenant, pépère, prends des vacances, lâche-moi une bonne fois pour toutes. Prends mon côté attachant comme indemnités de licenciement, ma sagesse, ma prudence, ma sérénité de façade, tous les compliments sur ma personne qu'on me fait pour me remonter le moral et cacher la misère sous le tapis, et tire-toi ! Loin, très loin ! Laisse-moi enfin la faire cette traversée de la piste, sans tomber, que je puisse moi aussi être dans la lumière, être applaudie et respectée pour mes vraies valeurs et non pour celles que l'on me prête par défaut.

2 commentaires:

  1. Je répondrai aux deux postes, d'une pierre deux coups... mais finalement le Passager Noir ne chevauche-t-il pas une chatte en chaleur ?

    Ma chère LFQRT que celui ou celle qui n'a jamais péché te lance la première pierre ! Nous avons tous ressenti la poigne formidable de l'attirance. Bien sûr, nous aimons tous être amoureux, mais parfois s'éveille en nous la force du désir...
    C'est une cavale fougueuse qu'il faut dompter...
    Tu as dis "j'ai envie de toi" et bien sache qu'il m'est arrivé de dire tout aussi crûment "je te désire".
    Il arrive que nous nous libérions du passager sombre lorsque l'on a sacrifié à son autel ! Ovide a su le chanter si bien.
    Virgile

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  2. Cette réflexion de Virgile renvoie à la célèbre citation d'Oscar Wilde que ma belle Ame affectionne :"Je peux résister à tout, sauf à la tentation", qui est souvent traduite en "Le meilleur moyen de résister à la tentation, c'est d'y céder"...encore faut-il en avoir la possibilité !
    La notion d'inaccessibilité renforce aussi parfois le désir d'accession, de transgression.
    Ton passager n'est sombre que parce qu'il se tient à l'abri de la lumière, sous cape.

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