Hier j'ai cru que j'allais mourir.
J'étais dans mon lit, en position du fœtus, la joue collée à mon
oreiller. Je ne ressentais rien, à part ce voile de tristesse qui
m'enveloppait petit à petit. J'ai repensé à Matthieu, et à mes
tentatives encore une fois infructueuses de l'attirer à moi. Depuis
des semaines, il m'a laissé m'épuiser toute seule à lui écrire
des mots qui n'auraient pas de réponse, m'invitant par là même à
écrire la fin de l'histoire, pour sauver le peu de dignité qu'il me
restait. J'ai fini par envoyer un message d'excuses, comme un erratum
qui efface tout ce qui s'est passé, la justification d'un faux pas,
d'une erreur de jeunesse, l'envie soudaine de sauver les meubles ou
de sauver ce qui peut l'être encore. « Excuse-moi d'être
allée un peu trop loin, j'ai compris le message de ton silence, je
ne t'embête plus, il faut que je fasse un travail sur moi, bonne
continuation, ne me juge pas trop, excuse-moi. » Voilà. Comme
si rien ne s'était passé.
Mais j'ai sauvé quoi, en fait ?
Et en prévision de quoi ? On sauve quelque chose lorsque l'on
sent qu'il y a péril en la demeure. On sauve quelque chose quand il
y a quelque chose à sauver... Et dans mon lit hier soir, j'ai
cherché ce qui avait été sauvé, mais j'ai pas trouvé ; avec
en plus cette impression d'être en plein cœur du péril. Ça
n'aurait pas vraiment pu être pire donc.
Retour
case départ du Monopoly sauf que je touche par les 40 000. À
nouveau fantôme errant à la recherche d'une chose que je n'aurai
jamais : la vie. « On vous a dit que vous n'étiez pas
apte ! » me crie le caporal Vie en chef alors que j'essaie
une nouvelle fois de me faire recruter. Alors j'ai à nouveau pleuré
sur mon oreiller et pour tromper mon désespoir, j'ai ri en imaginant
mon épitaphe : « excusez-moi d'avoir essayé de vivre »,
ou « n'a pas osé prendre le risque de vivre ».
C’est la flèche de Cupidon qui nous blesse… Chère LFQRT tu n’as pas à te culpabiliser, tu es tombée au champ amoureux ! Aimer n’est jamais ridicule.
RépondreSupprimerIl n’y avait rien à sauver en effet, ton honneur n’est pas en cause ni ta générosité.
J’ai une bonne nouvelle pour toi, l’hiver se meure… tu es pleine de talent et tu sais inspirer mine de rien.
Allez, sèche tes larmes et dessine sur ton visage ce sourire qui te va si bien
Virgile
Merci Virgile pour ces mots consolateurs... Oui, grand bien que cela m'arrive en cette période où le printemps inspire le renouveau. Mais je le savais, en fait. Je ne suis pas assez bien armée pour prétendre à séduire ce genre d'homme. Je le savais et pourtant... ;) Parfois on a du mal à renoncer, à percevoir ses limites... C'est ça plutôt qui fait mal.
SupprimerBises The Poet ! ;-)
Armée pour séduire ce genre d'homme ?
RépondreSupprimerJe m'interroge sur ce terme car ma vision est différente.
Je crois que justement, la séduction est un jeu, pas un combat, et surtout que le charme opère quand on pose les armes, quand on s'ouvre tout simplement, quand on est non pas dans l'assaut mais dans l'accueil. Et je crois que mon Ame sera d'accord avec moi.
Nombreux sont les hommes qui peuvent se sentir attirés mais se détournent s'ils se sentent "pris d'assaut". Et aussi nombreuses peuvent être les raisons de ce comportement.
Tu as un peu (beaucoup ?) fantasmé sur lui. Tu t'es pris un râteau, soit, ça fait parfois bobo de devoir renoncer à ce(lui) que l'on désire. Tu n'as pas perdu ton honneur ni ton âme pour autant.
Je suppose que tu as réfléchi à ce qui pouvait t'attirer en lui, et fait la différence entre le désir et la palette des sentiments, et identifié les facteurs inhérents à sa personne, et les projections de tes désirs et/ou de tes manques sur lui, y compris par rapport à ton compagnon de vie. Bref, les raisons "intimes" qui t'ont amenée à te focaliser sur lui.
Oui, c'est vrai, l'ouverture à l'autre, savoir accueillir, mais c'est de ces armes-là justement dont je parle. La disponibilité et l'ouverture à l'autre sont des choses parfois difficiles à acquérir, il faut braver nos peurs, nos doutes, nos conditionnements...
SupprimerOui, j'ai réfléchi à ce qui m'attirait chez lui, effectivement et il m'attirait voilà tout. Physiquement certes et sa personnalité. Mais bon, c'est pas la peine que j'y pense trop. J'ai vu une lumière qui m'attirait, elle s'est éteinte, trouvons une autre ampoule. (un électricien peut-être, du coup, comme ça la lumière sera bien protégée) Pfff, ça rend bête d'être amoureux.
bises
L'amour nous fait travailler sur nous-même avant tout. Il nous renvoie à nous-même. Qui aime-t-on à travers l'autre ?
RépondreSupprimerJe te copie-colle ici cette citation essentielle selon moi :
L’amour est un mystère pour ceux qui le vivent, un mystère pour ceux qui le regardent. Nous constatons, mais nous ne comprenons pas. Pourquoi ? Parce que ce qui nous lie à l’autre est inexplicable. Aimer vraiment, c’est aller vers quelqu’un, non pas seulement pour son image (sa beauté, sa ressemblance avec tel ou tel), ni pour ce qu’il symbolise (un père, une mère, le pouvoir, l’argent), mais pour son secret. Ce secret que nous ne savons pas nommer, et qui va rencontrer le nôtre : un manque ressenti depuis l’enfance, une souffrance singulière, indéfinissable. L’amour s’adresse à notre part d’inconnu.
P.Lambouley
Car nous portons tous un espace blessure-guérison, et ces espaces se rencontrent inconsciemment dans la relation, rouvrent la blessure, ou actionnent la guérison.
Plus nos blessures sont proches, plus nous nous sentons proches.
Mais parfois, la souffrance, la blessure de l'un est mal cicatrisée, voire béante, et si l'autre y touche sans le faire exprès, ou l'éclaire de trop, la réaction peut être très violente.
Je viens d'en faire les frais avec ma belle âme je crois. Il a quasiment pété les plombs et est parti il y a près d'un mois. Silence.
Très jolie citation, merci. Oui, c'est souvent nos blessures qui entrent en résonance avec celles de l'autre... ou alors on peut chercher son opposé, celui ou celle que l'on aurait voulu être...
SupprimerEn tout cas, je suis triste pour toi et j'espère que cela n'est qu'un coup de tête ?
Je t'envoie toutes mes pensées de réconfort,
lfqrt