J'respire plus…
J'm'asphyxie avec la vie. J'écris pour trouver cette bouffée
d'oxygène qui me manque tant. Je respire à fond, comme quelqu'un
qui se prépare à faire une apnée, ou quelqu'un qui étouffe…
J'essaie de suroxygéner mon cerveau pour trouver un peu d'ivresse
réparatrice, salvatrice…
mais mes démons intérieurs guettent, tapis dans les profondeurs de
mon cerveau…
Ils sont à l'affût du moindre signe de fatigue, de la moindre
situation à risque…
Alors je respire plus fort pour les chasser, pour récurer le fond de
la réserve en énergie, je respire fort pour me sentir vivante, pour
ranimer mon être éteint, pour éviter d'être précipitée là où
plus rien n'est possible. J'ai découvert cela, le pouvoir de la
respiration. J'étais en apnée constamment, au bord de l'apoplexie
dès que le stress pointait sa lance sur moi. J'ai découvert le
pouvoir de la respiration volontaire. Il faut expulser l'air, on le
garde trop cet air vicié et il nous empoisonne, alors maintenant,
j'expulse ! Je sors de moi cet air qui m'encombre et me
paralyse. J'expulse ! Oui, d'ailleurs, j'expulse tout ! Pas
que l'air ! Tout ! Les autres aussi ! Pas plus tard
qu'hier…
Je vais à la salle de sport faire du vélo comme chaque semaine. Eh
j'essaie un vélo qui présente des bruits caractéristiques de
roulement à billes. Je change de vélo pour m'asseoir à côté. Tout à coup,
un jeune Apollon se pointe et fait mine de monter sur le vélo au
roulement à billes défectueux…
Et moi, l'imbécile de lui dire que le vélo fait des bruits de
roulement. Évidemment, il quitte sur-le-champ le vélo et donc aussi
la proximité de ma personne, à mon grand désespoir. N'expulse pas
tout, me dit ma conscience…
que ce qui te fait du mal…
Lui, il t'aurait bien fait remonter ton taux de globules rouges…
Alors respire… Oui, je respire, je ne fais que ça ! Je
traque ce foutu dioxyde de carbone… Oh, il revient vers moi
l'éphèbe, il se met juste devant moi, mon Dieu, je panique…
j'étouffe… Allez, respire ! J'arrive pas ! Mais si
force-toi ! Mais il va penser que je me prépare à
l'accouchement, là… Mais non, tu maîtrises simplement ta
respiration, ton bien être, tu endigues l'arc réflexe
émotion-panique-repli sur soi. Fuit-fuit-fuit… Je respire, non
tout mon être ne se videra pas d'un coup d'un seul comme si ma
carcasse acceptait seulement de me représenter. Non, je résiste,
fuit-fuit-fuit, reste en contact avec les autres… Voilà, la séance
est finie. Ben en fait, il m'a même pas remarquée, je crois… Ouf.
Et pourtant, j'aurais tellement aimé qu'il me remarque…
Prologue ou Histoire de la fille qui ratait tout
Je ressens le besoin d'écrire mon histoire, de me raconter, comme si j'avais besoin des mots pour me sortir d'une impasse, d'un mal être, d'une incapacité à aller de l'avant. J'ai l'impression d'avoir fini un cycle, d'avoir bouclé une boucle, et d'en avoir saisi le mécanisme, de cette boucle, comme un système complexe et bien rodé dont on finit par percevoir le fonctionnement.
Et à trente ans – trente deux exactement – je crois que je peux le dire, j'en suis là, à ce moment de ma vie où je commence à comprendre mon fonctionnement. J'ai découvert qui j'étais : la fille qui rate tout.
Et à trente ans – trente deux exactement – je crois que je peux le dire, j'en suis là, à ce moment de ma vie où je commence à comprendre mon fonctionnement. J'ai découvert qui j'étais : la fille qui rate tout.
PINAISE !!! Il a surtout dû remarquer que tu étais speed.
RépondreSupprimerPour le coup c'est le lecteur qui est sonné, exténué, à genoux, la tête dans un sac !
On a le out mais pas le in. C'est pas le tout d'expirer, faut inspirer aussi, à l'occasion. Renouveler, quoi!
Et puis insérer des soupirs, je suis sûr qu'Apollon apprécierait, tu ne crois pas ?
Oui, mais l'inspiration est plus automatique que l'expiration. C'est quasi réflexe.Enfin on ne se laissera pas manquer d'oxygène, alors qu'on peut ne pas bien rejeter le dioxyde de carbone. Enfin je crois... Mais oui, c'est important aussi. Houlà, si je m'engage sur ce terrain glissant... du faire entrer en soi... Pas d'analyse hasardeuse please... Il faut d'abord se libérer pour faire entrer en soi. Pas mieux et je ne maîtrise plus ce que j'écris, là. Je suis peut-être dans la phase de libération ? ;-)
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