Prologue ou Histoire de la fille qui ratait tout

Je ressens le besoin d'écrire mon histoire, de me raconter, comme si j'avais besoin des mots pour me sortir d'une impasse, d'un mal être, d'une incapacité à aller de l'avant. J'ai l'impression d'avoir fini un cycle, d'avoir bouclé une boucle, et d'en avoir saisi le mécanisme, de cette boucle, comme un système complexe et bien rodé dont on finit par percevoir le fonctionnement.

Et à trente ans – trente deux exactement – je crois que je peux le dire, j'en suis là, à ce moment de ma vie où je commence à comprendre mon fonctionnement. J'ai découvert qui j'étais : la fille qui rate tout.

lundi 17 décembre 2012

Respire !

J'respire plus… J'm'asphyxie avec la vie. J'écris pour trouver cette bouffée d'oxygène qui me manque tant. Je respire à fond, comme quelqu'un qui se prépare à faire une apnée, ou quelqu'un qui étouffe… J'essaie de suroxygéner mon cerveau pour trouver un peu d'ivresse réparatrice, salvatrice… mais mes démons intérieurs guettent, tapis dans les profondeurs de mon cerveau… Ils sont à l'affût du moindre signe de fatigue, de la moindre situation à risque… Alors je respire plus fort pour les chasser, pour récurer le fond de la réserve en énergie, je respire fort pour me sentir vivante, pour ranimer mon être éteint, pour éviter d'être précipitée là où plus rien n'est possible. J'ai découvert cela, le pouvoir de la respiration. J'étais en apnée constamment, au bord de l'apoplexie dès que le stress pointait sa lance sur moi. J'ai découvert le pouvoir de la respiration volontaire. Il faut expulser l'air, on le garde trop cet air vicié et il nous empoisonne, alors maintenant, j'expulse ! Je sors de moi cet air qui m'encombre et me paralyse. J'expulse ! Oui, d'ailleurs, j'expulse tout ! Pas que l'air ! Tout ! Les autres aussi ! Pas plus tard qu'hier… Je vais à la salle de sport faire du vélo comme chaque semaine. Eh j'essaie un vélo qui présente des bruits caractéristiques de roulement à billes. Je change de vélo pour m'asseoir à côté. Tout à coup, un jeune Apollon se pointe et fait mine de monter sur le vélo au roulement à billes défectueux… Et moi, l'imbécile de lui dire que le vélo fait des bruits de roulement. Évidemment, il quitte sur-le-champ le vélo et donc aussi la proximité de ma personne, à mon grand désespoir. N'expulse pas tout, me dit ma conscience… que ce qui te fait du mal… Lui, il t'aurait bien fait remonter ton taux de globules rouges… Alors respire… Oui, je respire, je ne fais que ça ! Je traque ce foutu dioxyde de carbone… Oh, il revient vers moi l'éphèbe, il se met juste devant moi, mon Dieu, je panique… j'étouffe… Allez, respire ! J'arrive pas ! Mais si force-toi ! Mais il va penser que je me prépare à l'accouchement, là… Mais non, tu maîtrises simplement ta respiration, ton bien être, tu endigues l'arc réflexe émotion-panique-repli sur soi. Fuit-fuit-fuit… Je respire, non tout mon être ne se videra pas d'un coup d'un seul comme si ma carcasse acceptait seulement de me représenter. Non, je résiste, fuit-fuit-fuit, reste en contact avec les autres… Voilà, la séance est finie. Ben en fait, il m'a même pas remarquée, je crois… Ouf. Et pourtant, j'aurais tellement aimé qu'il me remarque…


2 commentaires:

  1. PINAISE !!! Il a surtout dû remarquer que tu étais speed.
    Pour le coup c'est le lecteur qui est sonné, exténué, à genoux, la tête dans un sac !
    On a le out mais pas le in. C'est pas le tout d'expirer, faut inspirer aussi, à l'occasion. Renouveler, quoi!
    Et puis insérer des soupirs, je suis sûr qu'Apollon apprécierait, tu ne crois pas ?

    RépondreSupprimer
  2. Oui, mais l'inspiration est plus automatique que l'expiration. C'est quasi réflexe.Enfin on ne se laissera pas manquer d'oxygène, alors qu'on peut ne pas bien rejeter le dioxyde de carbone. Enfin je crois... Mais oui, c'est important aussi. Houlà, si je m'engage sur ce terrain glissant... du faire entrer en soi... Pas d'analyse hasardeuse please... Il faut d'abord se libérer pour faire entrer en soi. Pas mieux et je ne maîtrise plus ce que j'écris, là. Je suis peut-être dans la phase de libération ? ;-)

    RépondreSupprimer