Prologue ou Histoire de la fille qui ratait tout

Je ressens le besoin d'écrire mon histoire, de me raconter, comme si j'avais besoin des mots pour me sortir d'une impasse, d'un mal être, d'une incapacité à aller de l'avant. J'ai l'impression d'avoir fini un cycle, d'avoir bouclé une boucle, et d'en avoir saisi le mécanisme, de cette boucle, comme un système complexe et bien rodé dont on finit par percevoir le fonctionnement.

Et à trente ans – trente deux exactement – je crois que je peux le dire, j'en suis là, à ce moment de ma vie où je commence à comprendre mon fonctionnement. J'ai découvert qui j'étais : la fille qui rate tout.

samedi 3 novembre 2012

Sexe - Fantasme de l'homme parfait

Celui qui te transforme, celui qui réveille ton être endormi. Je l'ai croisé celui-là, un peu baroudeur, voix envoûtante, cœur sur la main, sang chaud. Je me transformais à son contact. J'avais des ailes, les forces décuplées, l'impression que tout était facile, en fait. Alors j'en ai profité. Je me suis repue de son contact, rassasiée de l'effet qu'il produisait sur moi. J'y ai puisé jusqu'à la lie ce qu'il me fallait pour avancer. J'étais femme, confiante, fortifiée. J'avais un remède !
 
Depuis, je ne fais que penser à lui. Et pourtant il ne s'est rien passé, enfin concrètement car dans mon petit corps endormi, il s'en est passé des choses. Combien j'aimerais encore bénéficier du pouvoir de son aura. Mais oui ! il faut oublier. Tourner la page encore. J'ai eu du mal à la tourner, celle-ci, elle était en plomb. Je n'arrive pas à retrouver ces sensations ailleurs, autrement. Je suis devenue dépendante. J'ai bien essayé de m'accrocher, j'y suis restée dans son aura, même encore maintenant, j'ai trouvé la parade. Mais je vais la tourner cette page. Avec mes petits bras musclés, on va y arriver. Et dire que je n'ai même pas réussi à l'approcher pour le connaître mieux. Je lui ai tourné autour, à coups de rougissements, de battements de cils Je me suis très vite fait capter par les collègues. Certains plaisantaient ou faisaient des allusions à mes mines enamourées. J'ai fantasmé, je me suis imaginé des choses. Et puis, la roue de la vie a tourné et m'a exclue de la bataille ou plutôt m'a fait comprendre qu'il fallait que j'accepte, que je fasse autrement.
 
Syndrome du gâteau appétissant. Qu'est-ce qu'on fait quand on n'a pas de dents ?
 
J'ai cru que je devenais « érotomane », vous savez la maladie des gens qui font une fixette, je me suis accrochée longtemps, espérant le voir, lui parler. Aujourd'hui, je me décroche, je comprends, je prends de la distance avec mon fantasme. J'en ai passé des heures à espérer ardemment ce jour où nous pourrions parler, enfin, en tête à tête. J'ai attendu un geste, un regard qui en dirait plus long que les autres, mais rien, enfin rien de concret. Il faut que je me range à l'évidence : cet homme ne m'a jamais aimée et peut-être même qu'il a souri, que mes attitudes ont été le sujet de railleries collégiales. J'ai longtemps hésité, pour me le sortir de la tête, j'avais pris une bonne résolution : aller le voir, ou lui téléphoner pour lui faire part de la situation. Et puis, non. Pas le courage. Peur de me prendre une claque. La claque, celle qui fait bien mal, celle du retour en pleine face de la réalité et pourtant, j'en ai besoin de cette claque, pour me réveiller, avancer.
 
Bref. Le pire, c'est que je ne me suis pas fait larguer en me jetant à l'eau, non, je me suis fait jeter rien qu'en ne faisant rien. Les choses se sont tassées naturellement. Et du coup, c'est comme si rien ne m'avait recadrée, comme si rien n'était venu déjouer mon fantasme et donc comme s'il avait encore lieu d'être. Alors je dois m'efforcer de ne plus y penser. Je dois arrêter de m'en vouloir d'être peut-être passée à côté de quelque chose, pur fantasme. Mais quand le cœur m'en dit, je repense aux allusions des collègues Si ça se trouve, on aurait pu… Je redeviens cinglée, c'est l'érotomanie qui me reprend.
 
Je dois reconnaître cependant que j'avais sérieusement besoin de ce qu'il m'offrait, même s'il ne m'offrait rien. Aïe. Allez comprendre.
Je crois maintenant que c'est ça que je vais rechercher chez un homme.
 
Mais c'est pénible de ne pas attirer les hommes dont tu as besoin, ceux qui réveillent en toi l'envie de séduire. C'est comme un jardin des fruits défendus. À un moment il faut sortir du jardin, parce que c'est trop frustrant. Peut-être que je suis sortie délibérément du jardin.
 
Et si je trouvais un autre remède ? Oui mais pourtant c'est l'amour qui fait avancer. Oui, mais je vais jamais y arriver alors si je me fais jeter à chaque fois. Oui mais d'où je me fais jeter d'ailleurs ? Pour qu'on me jette, faudrait d'abord que je me lance ! Oui, mais j'ai trop peur de jouer dans la cour des grands Oui mais STOP ! (hou j'ai mal au crâne)
 
Le remède est inatteignable. Fin.


6 commentaires:

  1. Très bon article, c'est exactement ce que je vis actuellement, tu as mis des mots à ce que je ressens, si ce n'est que le titre aurait dû être "fantasme de la femme parfaite" et le mot "homme" remplacé par "femme". Courage à toi

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  2. Il ne serait pas superflu de mitonner tout cela d'un soupçon de mesure. Oui c'est cela, le sens de la mesure, la notion de compromis, de composition.
    Car le changement de cap est trop violent qui fait passer de la "pute" à celle qui dessine mentalement un périmètre de sécurité aux contours de l'homme parfait. Total, une femme à l'amer !
    Un fantasme, on le réalise ou pas;en le vivant il cesse de l'être et déçoit ou pas, mais on ne s'en fait pas jeter.
    Et d'ailleurs t'es-tu seulement fait déjà jeter ?

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    1. C'est là tout mon drame. De ne donner aucune chance à mon fantasme. Jetée par mes fantasmes, non. ;-)(donc)
      Une femme à l'amer, j'adore ! ;-)

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  3. On est tous à la recherche du prince charmant hein les filles ?

    Bisous !

    Laurent.

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    1. Eh oui, Laurent, on a beau nous dire qu'il n'existe pas... Mais peut-être que vous cherchez aussi la princesse charmante ? (et le monde court à sa perte...)

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