j'ai eu droit à ma
petite parenthèse, à mon sursis comme dirait Goldman, mais c'était
pour mieux me faire éprouver ce que je rate et que je n'aurai
jamais... À trop vouloir
les choses, on les rate, c'est bien connu. Je dois passer à autre
chose, oublier, ne pas me poser trop de questions, ne pas regarder en
arrière... même si j'ai trop goût à rien, même si j'ai souvent
envie de pleurer, même si j'ai l'impression que tout le monde avance
sauf moi, tant pis (ça c'est Roch Voisine... mmm surtout
arrêtez-moi si j'arrive à Matt Pokora, faudrait pas trop pousser –
sauf que attention, Goldman, c'est pas pourri, Pokora, par contre,
si, et même quand il chante du Goldman... (on s'éloigne) – mais
j'vous l'ai dit que j'mettais tout en chansons, ma politesse du
désespoir à moi, c'est la musique... )
Bon, j'suis en train de
chercher des trucs pour avancer, pour donner du pep's à ma vie
pourrie, au lieu d'être la pauv' fille qui voulut être amoureuse
(version féminine à la Rudyard Kipling, avec des prétentions
toutes à la mesure de la tempérance reconnue du sexe « faible »
) mais dont on se fiche éperdument. J'ai l'impression de jouer dans
Ugly Betty ou Le Destin de Lisa, d'être une ado moche
et fleur bleue quoi, sauf que j'ai 33 ans et que j'espère qu'il n'y
a pas que mon âge qui fait la différence... Oh là là, j'vais
pleurer...
Merde (j'le dis beaucoup,
c'est vrai). Merde et re-merde ! (et alors ?)
Elle est où ma
« pastille » ? Mais oui, celle que tu romps entre
tes doigts dans les chaufferettes nouvelle génération et qui
transforme le liquide en cristaux irradiant une douce chaleur. Si
seulement, il suffisait de rompre une foutue pastille dans ma
carcasse pour que cette douce chaleur réconfortante et fortifiante
se répande dans mon corps et dans mon cœur ; au lieu de ça,
sans ma pastille, il s'essouffle mon ptit cœur, il est restless
et de moins en moins young sans le feu de l'amour (le principe
là est de vous faire pleurer, si tant est que l'on puisse pleurer
avec sincérité en pensant aux Feux de l'amour) Je suis comme
une naufragée qui se débat dans l'eau pour pas couler et qui tente
de s'accrocher aux branches qui lui passent irrémédiablement sous
le nez... (et là, c'est triste, là quand même... !)
Mon boulot exténuant de
type trompe-la-dépression ne suffit même pas à tromper ma
dépression.
Et mon copain que je
malmène dans tout ça (ah là, recours au proche innocent, là on
pleure) on s'engueule dans les supermarchés, parce qu'on veut pas
les mêmes produits, parce que les frais sur la note commune ne sont
pas équitables, parce que c'est toujours la même qui décharge les
courses, parce que... parce que... nos angoisses et nos mal-êtres se
tirent la bourre tant qu'ils peuvent. Parce que l'un comme l'autre
est malheureux, parce que l'un rend l'autre malheureux, parce que
l'un voit l'autre malheureux... et dans ce drame, c'est l'humour qui
surgit, au détour d'une allée...
« Pourquoi tu
prends autant de packs d'eau ?
- Ben comme ça, on en
a en réserve ?- Mais oui, mais c'est moi qui décharge après...
- C'est pas vrai, je les sors du coffre...
(À
cet instant le préposé au packs d'eau débarque avec son chariot
élévateur)
- Mais oui, mais tu décharges jamais jusqu'au bout ! »
Merci Seigneur de nous permettre dans ta grande clémence de prendre conscience du ridicule de certaines situations afin que nous puissions nous gausser un peu dans nos vies de souffrances et de frustrations.
Amen.
Le Seigneur, dans son incommensurable bonté, nous aurait-il laissé l'humour à défaut de l'amour ?
RépondreSupprimerChère Fille qui ratait tout le monde n'est pas si sombre... même si tu as les yeux fermés tu peux recevoir la caresse du soleil et qui sait... cette chaude caresse te fera peut-être remonter dans un peu de lumière ?
Virgile
;-)
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