Prologue ou Histoire de la fille qui ratait tout

Je ressens le besoin d'écrire mon histoire, de me raconter, comme si j'avais besoin des mots pour me sortir d'une impasse, d'un mal être, d'une incapacité à aller de l'avant. J'ai l'impression d'avoir fini un cycle, d'avoir bouclé une boucle, et d'en avoir saisi le mécanisme, de cette boucle, comme un système complexe et bien rodé dont on finit par percevoir le fonctionnement.

Et à trente ans – trente deux exactement – je crois que je peux le dire, j'en suis là, à ce moment de ma vie où je commence à comprendre mon fonctionnement. J'ai découvert qui j'étais : la fille qui rate tout.

vendredi 5 avril 2013

Bénabar

C'matin, j'me lève avec un air en tête : « On s'en fout on n'y va pas, on n'a qu'à s'cacher sous les draps, on s'command'ra des pizzas toi, la télé et moi... » Merde. C'est pas l'symptôme d'une intense motivation, ça... La morsure de la rengaine commencerait-elle à faire effet et à m'instiller son venin ? Les paupières de plus en plus lourdes le matin, le réveil qui devient bourreau, auquel je tente d'extirper quelques de plus en plus longues minutes de grâce, un sol de salle de bain de plus en plus froid, des vêtements de plus en plus difficiles à assembler entre eux, une savonnette qui glisse, des tartines qui prennent feu, un bol qui s'renverse, une voiture qui démarre pas... Alors mon inconscient m'envoie un message plus clair : une chanson. Ça vous fait pas ça, vous ? En tout cas, moi, j'ai toujours eu tendance à fredonner des chansons raccord avec ce que je vis. Ça vient comme ça. Ma mémoire cherche sans que je m'en rende compte dans ma musicothèque mentale et je me mets à chanter la chanson qui convient, qui illustre parfaitement la situation du moment. C'est bien, mais des fois, c'est gênant. Genre, je suis dans la salle de bain, je viens de faire l'amour avec mon copain et je me mets à chanter : « Tout tout mais pas ça, tout tout mais pas ça... » Vous le prendriez bien, vous ?
 
Bref, ce matin c'était mutinerie générale dans certaines circonvolutions de mon cerveau et pas les plus coopérantes donc... Qu'une chose à faire en attendant le S.O.S. d'un terrien en détresse : bouter l'ennemi, pourfendre la procrastination et faire surgir le sentiment de dévotion et de juste cause ; enrayer le phénomène en frappant plus fort : « Eye of the tiger ! » à tue-tête dans la salle de bain jusqu'à ce que, tel un Rocky Balboa, surgisse enfin la bête de somme qui est en moi. « The show must go on ! Yeah hi yeaaah !... »
 
J'sais pourquoi je suis prise de ce symptôme Bénabar. J'le vois venir maintenant le phénomène qui creuse lentement le sillon dans lequel je finis par me perdre. J'en suis, moi aussi, de ces « … êtres sains d'esprit (enfin quoique mais bon passons) prêts à sacrifier leur jeunesse, leur corps, leurs amours, leurs amis, leur bonheur et beaucoup plus encore (dont je dirais leur travail) sur l'autel d'un fantasme appelé éternité. » (Hygiène de l'Assassin, Amélie Nothomb, p.57)
 
Recommencer sans arrêt, être au début plutôt qu'au milieu et à la fin... repousser l'angoisse de la finitude des choses, de la décrépitude... Recommencer sans arrêt pour n'avoir jamais à affronter la fin ; fantasme d'éternité...


1 commentaire:

  1. Ma chère amie, je te vois tourmentée par l’instant… sa cause et ses effets… Accueillions les choses avec joie car finalement l’instant n’est-il pas éternité ? Il a fallu une seconde de notre vie pour que l’univers se condense d’un coup. Réjouissons-nous des débuts, goûtons avec plaisir l’instant et accueillons naturellement la fin ; car il ne saurait y avoir de commencement qui ne finisse pas !

    Chaque matin,
    Je peste fort
    En allant au turbin
    Mais c’est bien à tort…
    Je pense aux choses heureuse
    A toutes ses femmes Amoureuses
    Et je m’esbaudit
    D’être en vie !

    Ton ami Virgile
    virgile69fr@yahoo.fr)

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