Prologue ou Histoire de la fille qui ratait tout

Je ressens le besoin d'écrire mon histoire, de me raconter, comme si j'avais besoin des mots pour me sortir d'une impasse, d'un mal être, d'une incapacité à aller de l'avant. J'ai l'impression d'avoir fini un cycle, d'avoir bouclé une boucle, et d'en avoir saisi le mécanisme, de cette boucle, comme un système complexe et bien rodé dont on finit par percevoir le fonctionnement.

Et à trente ans – trente deux exactement – je crois que je peux le dire, j'en suis là, à ce moment de ma vie où je commence à comprendre mon fonctionnement. J'ai découvert qui j'étais : la fille qui rate tout.

samedi 7 février 2015

Médi-tension

Méditation de merde qui rime à rien !
 
J'étais en train de méditer quand j'entends le mec me dire : « Je ne m'accroche à rien, je lâche prise… » Putain, mais c'est ce que je fais depuis toujours, ça. Je ne m'accroche jamais à rien et je lâche prise, mais quelles prises ? Bordel de merde ! Y m'a énervée, le mec. Avec sa voix de moine neurasthénique. J'ai sauté sur le bouton stop en l'invectivant de noms tous aussi pieux les uns que les autres.
 
Excusez-moi. Mais depuis quelque temps, je travaille sur moi. Trop peut-être, du coup. Je ne sais plus. De toute façon, j'ai pas le choix, vu ma vie de merde.
 
Alors, dès qu'une proposition de mieux-être se profile, sous quelque forme que ce soit, je saute dessus.
 
Un régime alimentaire, une méthode de relaxation, un livre de développement personnel, une tisane miracle et autres remèdes de grand-mère, je prends tout !!!
 
Je suis prête à suivre n'importe quel gourou venu, trompe-couillons ou prêcheur de bonne parole, tellement j'en veux du mieux-être. Si seulement on achetait ça en paquet de dix au supermarché, j'aurais déjà mis une OPA dessus !
 
D'habitude, je prends sur moi, car je sais que je me fais abuser par mes mauvaises habitudes de pensée, mes conditionnements névrotiques et autres billevesées venues de l'enfance, mais là, non ! C'est trop, c'est la goutte d'eau, il me nargue ou quoi ?
 
Je ne m'accroche à rien, qu'y dit… Mais Francis (ou Gérard ou Daniel ou Jean-René, je m'en fous), c'est ça, mon problème, justement !! Tu peux pas utiliser cette phrase pour essayer de me tirer de là, c'est pas possible, trouve autre chose !! 
 
Qui y croit de toute façon à « Tout passe sur moi comme la bise sur la plaine… Le roseau fléchit, mais il ne rompt point… Je ne m'accroche à rien, je lâche prise… » En général, quand t'as besoin d'entendre ça, c'est que tout passe sur toi comme des braises sur une plaie, que le roseau est cassé et que t'as les doigts dans la prise !!!
 
Je suis en panique, maintenant, t'es content ? Énervée comme une grenouille sur la paillasse du scientifique. Grâce à tes conseils de moine bouddhiste, c'est moi qui suis en bout de piste !
 
Et puis j'en ai marre de suivre tous ces cours débiles avec musique à enterrer les vivants, où on te fait croire qu'à force de persévérance et de pratique tu atteindras enfin le bonheur (en tout cas, beaucoup moins riche qu'avant).
 
La méditation du Lac… J't'en foutrais, moi, de méditation du Lac ! Je te la fais pour moins de vingt euros la séance moi, ta méditation du Lac et tiens ! sur Magic System, ça sera un peu moins emmerdant.
 
Tu ferais mieux de passer ton bac, tiens, si tu veux que la dép' rime, parce que je suis sûre que t'as choisi le filon pour pas trop te casser le front (à défaut d'une meilleure rime mais plus vulgaire). C'est facile de faire croire à des miséreux que le bonheur est à portée, quand tu penses à tous les œufs que cela va t'apporter.
 
Premier cycle de formation offert, vous faites une économie de 1300 € ! Ça, ça laisse méditer, par contre…
 
Le bonheur s'achète… Et moi, tout ça m'achève…
 
Mauvaise passe, sûrement, dégoût de tout… ce qui n'avait déjà pas beaucoup de saveur…
 
Et le plus drôle dans tout ça (ou pas), c'est que quand j'étais petite, ma maman m'avait acheté une peluche, un éléphant, et elle m'avait dit de l'appeler « Bonheur ». C'était ma peluche préférée.
 
Et maintenant, il est là, mon Bonheur, à côté de moi, tout le temps, il me nargue, de ses grands yeux noirs…














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