Prologue ou Histoire de la fille qui ratait tout

Je ressens le besoin d'écrire mon histoire, de me raconter, comme si j'avais besoin des mots pour me sortir d'une impasse, d'un mal être, d'une incapacité à aller de l'avant. J'ai l'impression d'avoir fini un cycle, d'avoir bouclé une boucle, et d'en avoir saisi le mécanisme, de cette boucle, comme un système complexe et bien rodé dont on finit par percevoir le fonctionnement.

Et à trente ans – trente deux exactement – je crois que je peux le dire, j'en suis là, à ce moment de ma vie où je commence à comprendre mon fonctionnement. J'ai découvert qui j'étais : la fille qui rate tout.

lundi 14 juillet 2014

In Nomine Patris...

Je prie sans savoir pourquoi. Je prie sans but pour la première fois. En général on prie avec une idée derrière la tête. On frotte un peu la lampe d'Aladin, quoi. On prie pour la paix dans le monde, par exemple, pour une cause, au moins, grande ou personnelle. Moi, d'habitude, je demande plein d'trucs, de la place de parking libre à la guérison de la leucémie de la fille de ma collègue, ça n'a pas de commune mesure, mais bon, comme ça, Dieu, il peut se reposer un peu, s'il veut… Mettons, s'il est en RTT, ben il préférera traiter la place de parking libre, ou la retrouvaille des clés de voiture perdues, plutôt que la guérison de la leucémie d'Euphrosine ou du furoncle de tante Germaine (si tant est que je trouve une raison de prier pour ça). C'est plus simple, et, bien qu'il soit tout puissant, niveau pénibilité de la tâche, y a pas photo. Ces derniers temps, je lui demandais de me trouver un mec ou de me rendre moins empotée avec les ceusses (avec une petite voix prout prout c'est marrant). Là, on est à mi-chemin entre la place au Super U et la guérison des malades. C'est pour ses jours fériés, on dira (ceux où tu bosses pas, mais où t'as pas bossé pour les avoir). Ceux, donc, où il sort quand même un peu la tête de son nuage, car en plus, la plupart des jours fériés sont des jours en son honneur, donc il est pas bégueule et ne rechigne pas trop à la tâche ces jours-là.
 
Mais, en ce moment, même en tenant compte de son planning (c'est un jour férié, aujourd'hui !), je ne sais pas quoi lui demander. Enfin, je ne sais plus. Et je ne sais pas pourquoi je ne sais plus. Je ne sais même pas pourquoi je ne sais pas pourquoi je n'sais plus. Alors je prie, sans savoir pourquoi. Pourtant je m'interroge, je me demande ce que je souhaiterais, mais comme je ne souhaite plus rien, alors je ne demande plus rien. (Allô, Nietzsche, tu as un créneau pour moi, là ?)
 
Quoique des raisons de prier, il n'en manque pas tant que ça… Y a qu'à écouter les absurdités du discours présidentiel, pas plus tard que tout à l'heure, qui nous dit qu'il faut avoir plus confiance en nous, en prenant pour modèle cette pauvre institutrice qui s'est fait poignarder par la mère d'un de ses élèves. Effectivement, elle dût avoir une si grande confiance en elle qui lui permît de donner à la confrontation avec le parent d'élève l'issue favorable qu'on connaît. Mais où puise-t-il cette audace (euphémisme), dans de telles circonstances, de nous dire d'avoir plus confiance en nous ? C'est pas en nous qu'on manque de confiance, gros malin, mais en nos institutions qui périclitent toutes, les unes après les autres, et qui sont incapables de nous garantir le minimum de sécurité requis pour aller bosser tranquille ! Et un autre planqué de la même couvée qui renchérit, sur France Inter, en nous disant, la fleur au fusil, sur un ton qui aurait aussi bien pu annoncer la météo ou le Point Route, en tout cas, moins concerné tu meurs, que la société actuelle est de moins en moins sécuritaire. (mais bon, moi j'men fous, je vais bouffer chez Fauchon avec les potes du Sénat, qu'il aurait pu ajouter pour être au moins un peu crédible).
 
Alors là, moi je dis, bravo les gars ! C'est bien vous qui zêtes aux commandes pourtant, non ? (avec une voix de demeurée pour qu'ils soient toujours encore un peu plus sûrs de leur cible, on est d'accord, ils nous prennent pour des cons ?) Mais du coup ? Si c'est vous qui zêtes aux commandes, vous avez pas un peu honte de nous dire ça comme ça ? C'est un peu comme si mon médecin se vantait d'avoir le plus grand nombre de décès du pays suite à ses consultations ?
 
Alors, oui, je crois qu'on a raison de prier, ptet même que c'est notre seule chance de pas couler, finalement ?
 
La France, premier pays consommateur de psychotropes au monde ! Alleluia, Seigneur ! T'as vu comme on s'en sort bien sans toi ? Les asiles sont pleins, les prisons, aussi, merci Flamby ! Laissons-les grossir ces bancs de détraqués que la société nous pond et qui s'regardent les pieds sans savoir à quoi ça sert, en ânonnant qu'ils ont des droits et qu'on fait mal notre boulot, nous, les poires qui suons nuit et jour pour gagner des clopinettes.
 
CONFIANCE qu'y nous fait l'autre. C'est pas ce qu'on leur avait dit à Hansel et Gretel quand ils se sont pointés devant la maison en pain d'épices ? On t'a compris François, parce qu'on a lu les contes des frères Grimm : on va droit dans l'mur !!
 
Heureusement qu'on a le foot, le mariage pour tous et les feux d'artifice du 14 juillet pour huiler tout ça et que ça passe mieux !
 
In nomine patris et filii et spiritus sancti, Amen.

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