Prologue ou Histoire de la fille qui ratait tout

Je ressens le besoin d'écrire mon histoire, de me raconter, comme si j'avais besoin des mots pour me sortir d'une impasse, d'un mal être, d'une incapacité à aller de l'avant. J'ai l'impression d'avoir fini un cycle, d'avoir bouclé une boucle, et d'en avoir saisi le mécanisme, de cette boucle, comme un système complexe et bien rodé dont on finit par percevoir le fonctionnement.

Et à trente ans – trente deux exactement – je crois que je peux le dire, j'en suis là, à ce moment de ma vie où je commence à comprendre mon fonctionnement. J'ai découvert qui j'étais : la fille qui rate tout.

samedi 7 décembre 2013

Ecris ! (et crie !)

Noël revient et toujours le bilan. Tu fais le tour de l'année en te demandant ce que tu as gagné avec l'année écoulée. Car tu espères que tu as gagné quelque chose. De la maturité, de l'amour, de l'accomplissement de soi ?
 
Non, rien du tout. Le disque a juste fait un tour de platine mais c'est toujours le même refrain.
 
Ah si ! Des plans cul grâce à Meetic entre autres. J'ai donc perdu plus que gagné encore un peu d'innocence et de rêves bleus.
 
Je tends encore vers le même but tout en en connaissant de moins en moins la teneur. Je pense à tout ce qui me reste à faire dans ma vie : TOUT. Sans savoir si ce "tout" est supportable…
 
Cette nuit, j'ai rêvé. Non, pas vraiment de douceur dans ce rêve tordu sorti des tréfonds de mon inconscient : j'ai rêvé que mon ex-copain se tirait la bourre avec mon ex-amant (que je vais revoir bientôt, c'est un très bon amant) pendant que je faisais l'amour avec mon ex-cousin (je parle pour mon inconscient qui, ne supportant pas la situation incestueuse, aura aboli le lien de parenté) et que mon ex-homme parfait se décharnait jusqu'à devenir cadavérique, en proie à une maladie. C'est grave, docteur ?
 
Merde.
 
Et puis, je me suis réveillée j'ai pris un crayon ; je me suis dit qu'il fallait écrire. J'ai relu ce que j'avais écrit la dernière fois que l'envie m'en avait prise. C'était des phrases du genre : "Toi, mon amour, que les cieux de tes yeux apaisent mes tourments…" Je venais de coucher avec un Meetype (mec rencontré sur Meetic) et j'étais encore en pleine transe orgasmique. Ca m'a coupé l'envie. J'ai posé le crayon et j'ai chiffonné la prose baudelairienne.
 
Mais vous voulez que j'écrive quoi ? Mon cher "follower" qui me dit qu'il attend un billet. (je t'aime toi, et je fais de toi mon follower favori, grâce à toi, tu vois, je m'y remets.)
 
J'ai déjà usé les touches de mon clavier à vous saouler avec ma dépression. J'peux ptet vous raconter celle des autres pour changer ? Celle qui ravive la mienne, qui l'alimente, qui l'entretient, mais qui la soigne et l'endigue en même temps ? (je suis en train de chercher si je suis maso ou pas, mais j'arrive pas à trancher…)
 
Bref. Que je vous raconte ma dernière permanence téléphonique.
 
Un ptit monsieur a commencé par me demander 90 euros pour s'acheter un ordinateur neuf ; le suivant, qui a tenté de cambrioler deux fois ses propres parents, voulait 150 euros pour leur faire des cadeaux de Noël ; et puis un troisième qui partait faire du vélo quand son auxiliaire de vie arrivait… Enfin, il a fallu trouver un hôtel qui accepte les gens instables pour un jeune en crise qui voulait tuer sa mère quand les médecins et les éducateurs qui travaillent avec lui se déchargeaient presque du problème. Et j'en passe et des meilleures. Alors, qui a raison de déprimer, finalement ? Ou bien dites-moi où elle est cette dimension parallèle où le dernier Hewlett Packard est à 90 euros, où la pire des crapules fait des cadeaux à ceux qu'il assassine, où les auxilaires de vie se télétransportent comme Mary Poppins au parc Tournenrond quand on a décidé d'aller y faire du vélo, et où les hôteliers acceptent sans retenue les gens qui privilégient plutôt, comme entrée en conversation, "fils de pute" que "bonjour" ?
 
Mais le pire, c'est que c'est pas ceux qu'on penserait les plus déprimés… Voyez c'que j'veux dire ?
 
Le pire, c'est cette simplicité dans la justification de toutes ces choses absurdes, le clivage de toute cohérence qui ne leur donnent même pas l'air d'être dépassés ou déprimés par la situation…
 
"Mais je n'suis pas malade, et d'ailleurs, je vais demander la levée de la mesure. Je n'sais pas pourquoi je suis sous curatelle renforcée, madame…"
 
Et moi, je n'sais pas pourquoi j'ai choisi ce métier…




2 commentaires:

  1. Ah, quand même! Quand même!
    Enfin un billet, comme quoi tu ne dé-blogues pas complètement.

    Euh, et aussi quand même! Oui, quand même!
    Toujours le même refrain, c'est vite dit!
    Par curiosité je suis retourné voir ce que tu écrivais le 6 décembre 2012. Il y était question de lecture du dictionnaire, de solitaire et démineur, de visionnage de séries à la con.
    Pour reprendre ta métaphore, on est passé au moins à un platine stéréo, voire à une multi plateaux. Moi en tous cas je n'ai pas du tout l'impression que le disque soit rayé.

    Au fait j'ai rougi un peu. Paradoxalement non pas de m'être reconnu (ou regretter de ne pouvoir le faire ?) comme un de ces plans cul, mais plutôt en osant m'identifier au "cher follower" tout content de voir ce silence se briser.

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