Prologue ou Histoire de la fille qui ratait tout

Je ressens le besoin d'écrire mon histoire, de me raconter, comme si j'avais besoin des mots pour me sortir d'une impasse, d'un mal être, d'une incapacité à aller de l'avant. J'ai l'impression d'avoir fini un cycle, d'avoir bouclé une boucle, et d'en avoir saisi le mécanisme, de cette boucle, comme un système complexe et bien rodé dont on finit par percevoir le fonctionnement.

Et à trente ans – trente deux exactement – je crois que je peux le dire, j'en suis là, à ce moment de ma vie où je commence à comprendre mon fonctionnement. J'ai découvert qui j'étais : la fille qui rate tout.

mercredi 2 octobre 2013

Sainte Âne (Bâté) priez pour nous

(Afin que nous ne finissions pas chez vous...)

Ah le débrief avec la patronne ! Que du bonheur… J'ai pris un gros coup des Tables de la loi sur le coin de la cafetière. Premier commandement du troufion : Sans broncher tu accepteras la submersion sous des tâches que tu sais d'avance que tu ne pourras pas les faire. Mais comme personne ne pourra non plus les faire, alors c'est à toi qu'on les donne. Il en faut bien un à qui l'on gâche ses perspectives de jours ensoleillés. Par principe, c'est le dernier arrivé. Celui qui n'osera pas dire non pour ne pas prouver son incompétence à peine débarqué de son pays du temps suspendu, dans l'hémisphère mort, le Pôle Emploi. Second commandement : Tu supporteras sans broncher les remontrances et autres manœuvres sadiques pour te prouver que tu manques cruellement d'organisation, même si tu sais très bien que ce n'est pas l'organisation le problème, mais plutôt d'être une association qui œuvre dans le social dans un pays où l’État s'est presque déchargé complètement de la question sur les ceusses (bonne poire, pigeon, martyr, les désignations laissent place à l'imagination et sans avoir la Tourette, on en trouve facilement un bon nombre). Troisième et quatrième commandement : Tu n'emploieras pas les mots « congés » ou « paie » encore moins « syndic » si tu es en train d'expérimenter les premier et deuxième commandements. Tu attendras un jour plus favorable, ou plutôt, tu saisiras l'opportunité d'en parler lorsqu'elle se présentera, ou au moins celle d'évoquer l'idée.
 
Alors j'ai tenté désespérément de lui démontrer que si ! j'étais organisée !…
 
Sauf que j'avais ma pile de dossiers enchevêtrés et prête à s'effondrer dans les bras.
 
J'ai senti son scepticisme… J'aurais dû pleurer ?

J'ai éclaté de rire. Bref. :-(
 
C'est vrai que je suis organisée. Le matin, j'arrive, j'ouvre mon petit carnet des choses à faire dans la journée, parce que le soir, je note les choses que j'aurai à faire le lendemain. Et je lis, scrupuleusement, en essayant de dessiner un ordre des priorités dans ma tête. Je stabilote, j'entoure, je raye, je réécris et, vers le milieu de la matinée, épuisée par ce travail préparatoire, je fais une pause-café. Donc après, je reprends mon carnet des choses à faire, et cette fois, plus déterminée, je choisis dans la circonscription de mes tâches de la journée celle par laquelle je vais débuter. Et alors, je m'y mets. J'attaque ! Je déploie mon énergie en sommeil bouillonnante d'avoir trop attendu. Il est 11 heures, 11 heures trente… Et là ! Dans cette verve productrice expansive, dans cet incendie d'intentions prolifiques, j'aperçois mes collègues qui se dirigent vers la salle à manger… Soudain, mon ventre se met à gargouiller.
 
Mais non ! J'exagère, là !… Parce que sinon, je crois que je me serais fait expulser dans mon pays des Télétubbies où le monde n'est que farandoles et fariboles. Mais c'est presque ça. Et même si je suis pas aussi longue à l'allumage, chaque soir j'ai l'impression de n'avoir rien fait et chaque matin, je sais que le soir j'aurai l'impression de n'avoir rien fait. Cette impression de remplir le tonneau des Danaïdes…
 
Dédicace à Socrate ! Tout c'que je fais, c'est que je n'fais rien… (le fofotage est un handicap dont on ne parle pas assez)
 
Pas mieux. Je prends donc congé pour aller méditer sur cette touche finale qui n'est pas la plus brillante, mais bon, on fait ce qu'on peut.

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