Ah le débrief avec la
patronne ! Que du bonheur…
J'ai pris un gros coup des Tables de la loi sur le coin de la
cafetière. Premier commandement du troufion : Sans broncher tu
accepteras la submersion sous des tâches que tu sais d'avance que tu
ne pourras pas les faire. Mais comme personne ne pourra non plus les
faire, alors c'est à toi qu'on les donne. Il en faut bien un à qui
l'on gâche ses perspectives de jours ensoleillés. Par principe,
c'est le dernier arrivé. Celui qui n'osera pas dire non pour ne pas
prouver son incompétence à peine débarqué de son pays du temps
suspendu, dans l'hémisphère mort, le Pôle Emploi. Second
commandement : Tu supporteras sans broncher les remontrances et
autres manœuvres sadiques pour te prouver que tu manques cruellement
d'organisation, même si tu sais très bien que ce n'est pas
l'organisation le problème, mais plutôt d'être une association qui
œuvre dans le social dans un pays où l’État s'est presque
déchargé complètement de la question sur les ceusses (bonne poire,
pigeon, martyr, les désignations laissent place à l'imagination et
sans avoir la Tourette, on en trouve facilement un bon nombre).
Troisième et quatrième commandement : Tu n'emploieras pas les
mots « congés » ou « paie » encore moins
« syndic » si tu es en train d'expérimenter les premier
et deuxième commandements. Tu attendras un jour plus favorable, ou
plutôt, tu saisiras l'opportunité d'en parler lorsqu'elle se
présentera, ou au moins celle d'évoquer l'idée.
Alors
j'ai tenté désespérément de lui démontrer que si ! j'étais
organisée !…
Sauf
que j'avais ma pile de dossiers enchevêtrés et prête à
s'effondrer dans les bras.
J'ai
senti son scepticisme…
J'aurais dû pleurer ?
C'est vrai que je suis
organisée. Le matin, j'arrive, j'ouvre mon petit carnet des choses à
faire dans la journée, parce que le soir, je note les choses que
j'aurai à faire le lendemain. Et je lis, scrupuleusement, en
essayant de dessiner un ordre des priorités dans ma tête. Je
stabilote, j'entoure, je raye, je réécris et, vers le milieu de la
matinée, épuisée par ce travail préparatoire, je fais une
pause-café. Donc après, je reprends mon carnet des choses à faire,
et cette fois, plus déterminée, je choisis dans la circonscription
de mes tâches de la journée celle par laquelle je vais débuter. Et
alors, je m'y mets. J'attaque ! Je déploie mon énergie en
sommeil bouillonnante d'avoir trop attendu. Il est 11 heures, 11
heures trente… Et là !
Dans cette verve productrice expansive, dans cet incendie
d'intentions prolifiques, j'aperçois mes collègues qui se dirigent
vers la salle à manger…
Soudain, mon ventre se met à gargouiller.
Mais non !
J'exagère, là !…
Parce que sinon, je crois que je me serais fait expulser dans mon
pays des Télétubbies où le monde n'est que farandoles et
fariboles. Mais c'est presque ça. Et même si je suis pas aussi
longue à l'allumage, chaque soir j'ai l'impression de n'avoir rien
fait et chaque matin, je sais que le soir j'aurai l'impression de
n'avoir rien fait. Cette impression de remplir le tonneau des
Danaïdes…
Dédicace
à Socrate ! Tout c'que je fais, c'est que je n'fais rien…
(le fofotage est un handicap dont on ne parle pas assez)
Pas
mieux. Je prends donc congé pour aller méditer sur cette touche
finale qui n'est pas la plus brillante, mais bon, on fait ce qu'on
peut.
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