Prologue ou Histoire de la fille qui ratait tout

Je ressens le besoin d'écrire mon histoire, de me raconter, comme si j'avais besoin des mots pour me sortir d'une impasse, d'un mal être, d'une incapacité à aller de l'avant. J'ai l'impression d'avoir fini un cycle, d'avoir bouclé une boucle, et d'en avoir saisi le mécanisme, de cette boucle, comme un système complexe et bien rodé dont on finit par percevoir le fonctionnement.

Et à trente ans – trente deux exactement – je crois que je peux le dire, j'en suis là, à ce moment de ma vie où je commence à comprendre mon fonctionnement. J'ai découvert qui j'étais : la fille qui rate tout.

mercredi 23 janvier 2013

Le cul des voitures

J'passe mon temps à regarder le cul des voitures. À écouter chaque matin la même émission de radio pourrie où des chroniqueurs à deux balles se croient drôles, perdus dans leur humour potache qui fait tache et pollue l'herzien. Les jours défilent. Et je me laisse emporter par la rengaine. Dans cette vie qui se plie aux exigences du politiquement correct. Cette vie qui n'a plus rien à m'offrir que son train train rassurant (ou pas). J'vais finir par aimer tout ce qu'on me sert, comme tout le monde, trop fatiguée pour tenter un soulèvement contre l'usurpation de mon bonheur, de ce bonheur que je voulais vrai, conforme à mes aspirations, grandiose. On me l'a troqué contre un générique du bonheur, un « contente-toi de ce que tu peux avoir ». On a noyé mes rêves dans le seau du quotidien écrasant et il ne me reste plus assez de temps pour le réinventer ce quotidien, que du temps pour s'en contenter. Fatiguée, je n'ai plus l'énergie de remettre les choses en cause, de les penser différemment, de les sublimer. Je n'ai l'énergie que de suivre et regarder passer les jours. Il va pourtant falloir que je trouve un moyen… de donner un coup de pied à la fourmilière… Je vis pas pour regarder le temps défiler, ou juste faire mon boulot de gratte-papiers, non, c'est pas possible ! Et si j'arrive à penser cela un jour, alors c'est que j'aurai perdu la partie. Il faut que j'élargisse mon regard, que je gagne en énergie pour empêcher le quotidien de me bouffer et faire de moi le zombie qu'il s'impatiente de me voir devenir. Choisir mon arme ? La séduction, et l'âme rebelle en éveil. Séduire pour me sentir vivante, l'âme rebelle pour me sentir agir sur le monde, sur mon monde.
Allright ?

3 commentaires:

  1. Je te lis et j'ai l'impression de lire une cinquantenaire dont la vie est plutôt derrière elle que devant elle.
    Tu as 32 ans, c'est cela ? 33 à tout péter.

    "On a noyé mes rêves..." La forme encore prend le pas, ta formulation te pose en victime.
    Ta vie, c'est toi qui la décides, qui la construis, qui l'embellis, qui l'enrichis, qui la sublimes, qui la vis...et personne d'autre ne peut le faire à ta place. Personne n'est coupable de ce que tu fais de ta vie.
    Même pas les animateurs de radio, change de fréquence si ça ne te conviens pas.
    Change de fréquence, d'onde de fréquence dans ton esprit, et ça changera dans TA vie, et non pas dans cette vie qui se plie aux exigences du politiquement correct.
    Le problème quand on te lit, c'est que tu t'attaches plus à la forme qu'au fond, à tous les niveaux.
    "Cette vie qui n'a plus rien à m'offrir que son train-train rassurant (ou pas)...". Ménagère de plus de 50 ans j'te dis !!!
    La vie ne t'offre que ce que tu es prête à accueillir, et on y trouve que ce que l'on y amène, c'est l'auberge espagnole comme dit souvent mon Ame. Fais le ménage, en toi tout d'abord, nettoie ton pare-brise, et tu verras que finalement le ciel est plus dégagé que tu ne le croyais, que c'était de la poussière.

    Il ne faut pas faire l'amalgame entre ne pas cracher dans la soupe et être résigné(e). Mais quand une solution, un dépannage, un job tombe alors qu'on galère, on le prend pour ce qu'il est, un dépannage, un outil, un moyen, non pas une fin, et on se donne les moyens d'arriver à ses fins, sans se plaindre sans cesse que c'est pourri. Le reste, ça se travaille en séance de psy aussi.
    Le négatif cultive le négatif, jusqu'à plus pouvoir.
    Elargir ton regard, c'est élargir ta façon de penser, c'est t'ouvrir au positif, au beau, au rigolo, au vivant, aussi infime soit-il. Un oiseau posé sur une branche qui s'envole quand tu passes, des traces marrantes de pattes de chat sur ton pare-brise le matin, un nuage avec une forme poétique, un truc vraiment bon à manger au petit déjeuner. Manger en conscience de ce qu'on mange est important.
    La séduction passe par les ondes positives, par la lumière. On est toujours plus attiré par les gens lumineux que par les éternels insatisfaits, râleurs et grands enfants gâtés jamais contents. Ca ne veut pas dire qu'il faut courber l'échine pour tout non plus, mais il faut savoir utiliser son énergie à bon escient.
    Je ne vais pas te raconter ma vie et les problématiques qui sont les miennes, mais je préfère utiliser la mienne de manière constructive, je m'économise, pas le temps de critiquer ce qui n'irait pas dans ma vie, je suis consciente des points à améliorer, des choses à faire aboutir, je travaille dessus, j'avance, et en attendant, je ne perds pas de vue le positif. Mon Ame fonctionne aussi ainsi, nous avons tous les deux eu une enfance hard, puis des vécus avec du lourd, des moments difficiles, mais tenir la vie ou l'extérieur responsable de nos problèmes, c'est s'enlever du pouvoir et le donner aux autres. Ce pouvoir, nous ne le cédons à rien ni personne. Nous sommes seuls responsables de nos vies, nous gardons notre libre-arbitre.

    Fatiguée, plus d'énergie alors que tu viens de reprendre le boulot après une longue pause ? problème de santé ? symptôme dépressif ? Ca expliquerait bien des choses tout à coup.
    Je ne vais pas te faire un commentaire composé composé complet, mais relis-toi et relies-toi, et tu verras...à qui donnes-tu le pouvoir sur ta vie ???

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Bon, juste pour dire qu'il ne suffit pas de regarder la vie différemment pour qu'elle le soit. C'est simpliste... Bien sûr que j'ai un terrain dépressif, sinon je n'écrirais sûrement pas. ;-) Tu sais, regarder les oiseaux, le soleil et les petits bonheurs, c'est bien quand tu es déjà apaisé au fond de toi... Va dire ça à quelqu'un qui va vraiment mal, il rigolera. J'ai conscience de tout ce que tu dis, sois en sûre, mais je ne me contente pas de dire oui oui. Je dirais plutôt non non, mais pour faire avancer les choses... Parce que des fois, le "oui", c'est la résignation, l'impossibilité de voir que l'on passe à côté de la vie. Je sais bien que la vie est ainsi faite, mais je ne peux pas me contenter d'accepter. Si j'écris, c'est parce que je n'accepte pas justement. Et qu'au fond, personne ne devrait accepter la vie telle qu'on l'a conçut. Mais le dire ne veut pas dire que je n'essaie pas de m'adapter. Effectivement, il faut faire des compromis avec la vie, sinon, on sombre dans la dépression ou la marginalité ou les deux. Mais on a le droit de dire les choses, de ne pas vouloir tout niveler, car il y a des choses qui ne sont pas nivelables... Elles sont tout simplement et on ne peut cesser des les rêver autrement...

      Alors je suis assez résignée, certes...

      ;-)

      Supprimer
  2. Le propos d'ouvrir ton regard pour t'ouvrir au positif n'est pas simpliste, je n'ai fait que rebondir sur ta propre phrase qui, elle, était juste sur ce coup-là.
    Accepter. Accepter quoi ? Il ne s'agit pas d'accepter ni de s'accepter, mais de parvenir, un jour, quand ton travail sur toi aura porté ses fruits, à t'aimer, et à lâcher prise. Alors tu verras les choses telles qu'elles sont, et tu les vivras comme tu veux vraiment les vivre, et tu retrouveras ton libre-arbitre que pour le moment tu n'as pas semble-t-il.
    Je ne t'ai jamais écrit de te résigner, au contraire, c'est à toi de prendre ta vie en mains. Si tu n'en as pas les moyens actuellement, c'est qu'effectivement tu as besoin d'aide, ce que j'ai perçu aussi.
    Mais tu écris, tu partages, et dans cette agora, il y a d'autres êtres qui te lisent, qui réagissent à leur manière.
    Je ne suis pas là pour te plaindre, ni pour te dire que tu as raison de voir les choses ainsi, je ne suis pas dans la complaisance, dans la parole forcément réconfortante, le propos infantilisant, le commentaire style "ouais t'as raison, la vie c'est une tartine de merde et on en mange tous tous les jours. Arbeit macht frei. Les gens dehors ou au boulot, c'est tous des cons qui comprennent rien, sauf nous. "...
    Non, je passe, je te lis, je vois que tu vas mal, ça transpire, et je te fais part de choses qui sont peut-être encore trop lointaines pour toi à l'heure qu'il est, mais qu'un jour tu comprendras parce que tu les vivras de l'intérieur, vraiment.
    Je n'en doute pas un instant, ce n'est qu'une question de temps dans ta vie. Tu avances à ton rythme, chacun le sien, l'essentiel étant d'avancer toujours plus en conscience vers soi-même, en soi-même et dans le monde.

    RépondreSupprimer