– Bon voilà, on est
plus tranquilles ici.
J'aurais souri, sans rien
dire. Il aurait repris la parole pour ne pas laisser au silence le
temps de s'installer.
– Bon, comme je te
disais, tu sais, j'ai pas trop le temps en ce moment…
Je dois me soigner et puis je vais partir d'ici. J'ai envie d'aller
en province. Mais pour l'instant, je trouve pas de boulot…
C'est compliqué tu comprends…
Alors
j'aurais pu lui demander de quoi il devait se soigner, d'abord… et
puis, ajouter que je comprenais… tout en détestant la sollicitude
à laquelle il me forçait.
Le
silence aurait quand même fini par s'installer.
J'aurais
rejoué le coup de la culpabilité.
– Je
suis désolée de t'avoir un peu accaparé avec mes mails et mes sms…
J'espère que je t'ai pas trop soûlé…
Il
aurait dit non, par politesse, pensant tout le contraire, ou bien
peut-être pas… Dans mon rêve, il aurait dit que ça ne l'avait
pas soûlé et même que ça l'avait flatté. Il aurait alors reposé
cette question qui m'avait encouragée à poursuivre dans mon
entreprise :
– M'en dirais-tu plus sur cette envie de me connaître davantage et cet
élan qui t'a poussée à m'écrire ces messages… ?
Et
là, au lieu de tourner autour du pot, de prendre mille et une
précautions de trop, celles-là même qui avaient sûrement été à
l'origine de cet effilochement du lien qui se tissait doucement entre
nous, je lui en aurais dit plus sur cette envie…
– J'ai
envie de toi, tout simplement.
Peut-être
aurait-il eu un instant de surprise, ne s'attendant pas à un aveu
aussi limpide.
Il
m'aurait regardée, dans un léger plissement des yeux, histoire de
sonder en moi la solidité de l'ancrage de mon aveu.
J'aurais
soutenu son regard, le laissant voir en moi et y trouver ce qu'il
voulait et j'aurais rougi, la pénétrance de ses prunelles claires chargeant
chaque parcelle de mon être d'un désir incoercible.
Il
aurait toussoté pour contrer le surgissement dangereux du silence.
J'aurais
baissé les yeux, incertaine d'avoir bien fait d'être aussi limpide.
Et
j'aurais senti ses doigts agripper mon menton, relever mon visage…
Son regard aurait cherché le mien un instant et puis il se serait
rapproché lentement… jusqu'à ce que nos lèvres se touchent.
L'explosion des sens en moi m'aurait tout à coup transportée dans
une autre dimension. Je me serais laissée aller à la caresse de son
baiser, quémandeuse, implorante. Mon désir de lui aurait franchi le
point de son apogée. Aurait-il alors tenté d'aller plus loin, me
sentant si fébrile et excitée ? Aurait-il joué à me faire
languir ? À
me faire souffrir ?
Tu écris : "Comme pour prolonger cet état de non-retour où le désir de jouissance devient besoin irrépressible, nous aurions savouré l'étreinte chaste encore quelques instants et puis l'appétit se faisant féroce, ses doigts auraient fait glisser ma culotte et son sexe se serait emparé du mien, humide et offert..."
RépondreSupprimerJ'aime beaucoup ce passage du sentiment pur à la dimension concrète. Il y a quelque chose qui ressemble à une condensation...
Vergilius