Un samedi soir sur la
terre, comme chante Cabrel…
avec en moins cette promesse d'une belle rencontre, alors je m'en
remets à mon guide spirituel trompe-solitude, la télé. Et dans le
fauteuil bleu du pape de France 2, un vieux monsieur au teint hâlé,
aux dents immaculées, à la tenue presque parfaite (un sans faute
sur l'échelle de Cordula) : un académicien ! (à savoir
quelqu'un qui a désormais le droit de sortir un livre sur n'importe
quoi en bénéficiant d'une promotion phénoménale). Mon instinct
m'invite à changer de chaîne, car j'ai déjà entendu plusieurs fois pépé
nous enfoncer ses portes ouvertes sur son ton
professoral et évangélique et ça m'énerve. Et puis non, mon petit
côté maso me fait rester. Et je ne suis pas déçue. Vas-y que papi
bling-bling te sort tous ses poncifs sur la finitude de l'humanité
et le sens de la vie,
en parsemant ses saillies de citations plus ou moins en rapport avec
le propos « Comme disait mon cher ami Gudule de la
Hautecloque… »
(oké j'l'ai inventé celui-là),
« j'ai très bien connu Chateaubriand… » (qui va aller
vérifier, en plus, vu l'âge du dinosaure ?).
Et qu'on va tous mourir, fait-il en ayant pris le soin de nous
avertir sur un ton sensationnaliste qu'il allait nous faire une
révélation des plus odieuses. Le jeu de scène est millimétré, le
ton grandiloquent (bravo la comm'). Et moi j'en ai déjà marre. Que
papi, à l'approche du grand saut, se sente obligé de nous
refourguer son lot d'angoisses en pleine poire comme ça, un samedi
soir sur la terre… Mais
je continue à écouter ce discours pseudo scientifique,
philosophique, (ou de comptoir finalement), tout en me disant que
n'importe qui aurait pu faire aussi bien, avec un peu d'entraînement.
Un ptit coup de religion par-ci, un soupçon de sciences globales
par-là (sans trop rentrer dans les détails sinon on sent l'arnaque) et
puis, un peu de philo, pas trop de politique, parce que c'est plus
trop la préoccupation principale de papi (soit il est au-dessus de
tout ça, ou bien, plus vraisemblable, il est largué. De là à dire
que sur le reste aussi, mais je ne me sens pas de pousser le bouchon
jusque là.)
Du
coup, l'assemblée ne sait pas trop sur quel pied danser : jouer
l'admiration d'avoir le privilège d'entendre la performance d'un
monsieur dont le nom figure dans le dictionnaire, ou bien montrer sa
lassitude par des petits sourires en coin en attendant que ça se
termine et qu'on remette papi au lit (attitude la plus représentée).
Attention
je ne dis pas que papi n'a pas de talent (je n'ai pas lu la plupart
de ses livres pour être honnête), mais bon sang, qu'il ne se sente
pas obligé de nous donner des leçons sur la vie dans tous les
derniers livres qu'il écrit et qui deviennent de moins en moins
épais, à se demander si vraiment l'envie d'écrire vient de lui ou
plutôt d'une commande expresse de l'éditeur qui tente de traire la
vache à lait jusqu'au bout du possible.
Moi
perso, j'en peux plus de ces discours sur la vie qui n'apportent rien
au moulin, mais suffisamment par contre aux principaux intéressés
qui s'en font les choux gras. Aristos, bobos et compagnie, qu'ils
soient jugés avec le même étalon que les autres et qu'ils goûtent
à la moiteur du placard de temps en temps.
Chuis
dure ? Non, sincère.
J'ai pensé à peu près la même chose ...mais je ne l'aurais pas si bien écrit !!
RépondreSupprimerBravo .
Betty