Prologue ou Histoire de la fille qui ratait tout

Je ressens le besoin d'écrire mon histoire, de me raconter, comme si j'avais besoin des mots pour me sortir d'une impasse, d'un mal être, d'une incapacité à aller de l'avant. J'ai l'impression d'avoir fini un cycle, d'avoir bouclé une boucle, et d'en avoir saisi le mécanisme, de cette boucle, comme un système complexe et bien rodé dont on finit par percevoir le fonctionnement.

Et à trente ans – trente deux exactement – je crois que je peux le dire, j'en suis là, à ce moment de ma vie où je commence à comprendre mon fonctionnement. J'ai découvert qui j'étais : la fille qui rate tout.

dimanche 22 juin 2014

Mais qui est Jean d'Ormesson ?

Un samedi soir sur la terre, comme chante Cabrel… avec en moins cette promesse d'une belle rencontre, alors je m'en remets à mon guide spirituel trompe-solitude, la télé. Et dans le fauteuil bleu du pape de France 2, un vieux monsieur au teint hâlé, aux dents immaculées, à la tenue presque parfaite (un sans faute sur l'échelle de Cordula) : un académicien ! (à savoir quelqu'un qui a désormais le droit de sortir un livre sur n'importe quoi en bénéficiant d'une promotion phénoménale). Mon instinct m'invite à changer de chaîne, car j'ai déjà entendu plusieurs fois pépé nous enfoncer ses portes ouvertes sur son ton professoral et évangélique et ça m'énerve. Et puis non, mon petit côté maso me fait rester. Et je ne suis pas déçue. Vas-y que papi bling-bling te sort tous ses poncifs sur la finitude de l'humanité et le sens de la vie, en parsemant ses saillies de citations plus ou moins en rapport avec le propos « Comme disait mon cher ami Gudule de la Hautecloque… » (oké j'l'ai inventé celui-là), « j'ai très bien connu Chateaubriand… » (qui va aller vérifier, en plus, vu l'âge du dinosaure ?). Et qu'on va tous mourir, fait-il en ayant pris le soin de nous avertir sur un ton sensationnaliste qu'il allait nous faire une révélation des plus odieuses. Le jeu de scène est millimétré, le ton grandiloquent (bravo la comm'). Et moi j'en ai déjà marre. Que papi, à l'approche du grand saut, se sente obligé de nous refourguer son lot d'angoisses en pleine poire comme ça, un samedi soir sur la terre… Mais je continue à écouter ce discours pseudo scientifique, philosophique, (ou de comptoir finalement), tout en me disant que n'importe qui aurait pu faire aussi bien, avec un peu d'entraînement. Un ptit coup de religion par-ci, un soupçon de sciences globales par-là (sans trop rentrer dans les détails sinon on sent l'arnaque) et puis, un peu de philo, pas trop de politique, parce que c'est plus trop la préoccupation principale de papi (soit il est au-dessus de tout ça, ou bien, plus vraisemblable, il est largué. De là à dire que sur le reste aussi, mais je ne me sens pas de pousser le bouchon jusque là.)
 
Du coup, l'assemblée ne sait pas trop sur quel pied danser : jouer l'admiration d'avoir le privilège d'entendre la performance d'un monsieur dont le nom figure dans le dictionnaire, ou bien montrer sa lassitude par des petits sourires en coin en attendant que ça se termine et qu'on remette papi au lit (attitude la plus représentée).
 
Attention je ne dis pas que papi n'a pas de talent (je n'ai pas lu la plupart de ses livres pour être honnête), mais bon sang, qu'il ne se sente pas obligé de nous donner des leçons sur la vie dans tous les derniers livres qu'il écrit et qui deviennent de moins en moins épais, à se demander si vraiment l'envie d'écrire vient de lui ou plutôt d'une commande expresse de l'éditeur qui tente de traire la vache à lait jusqu'au bout du possible.
 
Moi perso, j'en peux plus de ces discours sur la vie qui n'apportent rien au moulin, mais suffisamment par contre aux principaux intéressés qui s'en font les choux gras. Aristos, bobos et compagnie, qu'ils soient jugés avec le même étalon que les autres et qu'ils goûtent à la moiteur du placard de temps en temps.
 
Chuis dure ? Non, sincère.

1 commentaire:

  1. J'ai pensé à peu près la même chose ...mais je ne l'aurais pas si bien écrit !!
    Bravo .
    Betty

    RépondreSupprimer