J'ai l'impression que ce
boulot m'était tout spécialement destiné. Comme un clin d’œil,
une dédicace. De qui ? Ben allez savoir…
Ptet bien que le bureau des causes désespérées là-haut n'est pas
en congé. Pour tout vous dire, malgré le paquet de culpabilités
que je me traîne, malgré mes tares et mes ratages successifs dans
l'ensemble des différents domaines de la vie, j'ai l'impression
qu'il y a quelque chose ou quelqu'un, comme une ombre, une bonne
étoile ou je-ne-sais-quoi qui me surveille. J'ai perdu pas mal de
gens que j'aimais, dire s'ils y ont quelque chose à voir serait
hâtif, mais je ne sais pas, pourtant il y a quelque chose qui me
recadre là-haut, quelque chose qui sait, qui comprend, qui agit. En
tout cas, je veux le penser.
Savez-vous
quel est mon lot quotidien, à présent ? C'est d'écouter les
complaintes de gens qui ont des rêves trop grands pour eux. J'en
donnais un exemple dernièrement, mais je pourrais les multiplier.
Entre le surdoué fumeur de cannabis qui, sous prétexte qu'il eût
jadis un poste de directeur, ne veut plus accepter aucun poste
en-dessous de sa prétention et le trentenaire alcoolisé qui me
déballe une vie mirifique envolée de colonel israélien au cursus
flamboyant, hélas abîmée sur le faîte d'un concours de
circonstances…
On essaie de se redorer le blason à la va-comme-j'te-pousse, parce
que la déchéance c'est inacceptable.
Et
moi je suis miroir. Je suis pareille, sauf peut-être que j'ai encore
un peu la force de m'occuper de ma paperasse et de ne pas me laisser
tomber dans les paradis artificiels (et encore, semblerait qu'il y en
ait un dans lequel je sois tombée, je vous laisse juge). Une bonne
éducation, un milieu attentif, voilà ce qui me protège pour
l'instant ? Alors je renvoie la balle avec ma petite raquette
trouée, j'écoute, je comprends, je fais voir l'avenir,
avec en tête la lucidité d'un « advienne que pourra… ».
Je suis lucide. Est-ce juste ce qui nous sépare ? Peut-être.
Alors je suis toujours de l'autre côté du filet, en miroir, et de
temps en temps, je me prends un boulet de canon en pleine tête.
« Ouais,
je vais la faire cette formation. Je veux pas rater ma vie. J'aurai
bientôt trente ans et si à trente ans t'as pas de boulot et t'as
pas d'enfant, t'as raté ta vie… »
Là
je la serre fort ma raquette et dans ma tête je rassemble toutes mes
forces pour faire un ace, en lui éraflant la tête au passage.
Mais
y en a marre du syndrome de la réussite à tout prix. Qu'on lui
laisse sa Rolex à l'autre Séguéla.
Il
pourrit le crâne de milliers de personnes qui rament à
contre-courant. Je suis tombé tout en bas, faut-il encore qu'on
harangue mes vieux démons qui se font une joie de s'acharner sur ce
qui reste de mon estime de moi ?
Ce
que j'entends tous les jours moi, c'est : « Faites à ma
place. Vous êtes là pour ça. Je suis trop fatigué. Et ne me
cassez pas les oreilles à me renvoyer à ce que je suis. La seule
chose que je veux bien entendre, c'est – Monsieur, j'ai vu en vous
de bouleversantes qualités qui auraient dû éclater à la face du
monde entier. Ne vous inquiétez pas, je vais faire de vous Richard
Branson. »
Riche-ard
Branson. Riche et entouré de belles femmes.
Pauvre
et solitaire.
Je
suis pas la marraine de Cendrillon.
Mais
le pire, dans tout ça, c'est que…
Moi aussi je voudrais bien être Richard Branson.
J'en aurais des complexes à voir de quelle manière ce que tu écris est intelligent et tellement bien vu. Conséquence, au fil de ton bulletin, je me fais tout petit, et, lové dans une prudente modestie, je ne me vois plus que te répéter à nouveau un authentique: GÉNIAL!
RépondreSupprimerEt puis je me dis Merde, faut lui dire qu'elle n'a pas du tout raté de ce qui est essentiel, que c'est une histoire d'échelle des valeurs déformée par ces Séguéla ou ces Branson avec leurs pacotilles et leurs contes de fées à deux balles. Que même si je devais être le seul, je suis mille fois plus impressionné par la perception et l'écoute qu'elle a du rêve d'un illuminé, que par celle de ces Mickey qui passent un jean une fois dans leur vie pour venir nous présenter le nouveau téléphone qui gare sa voiture tout seul !!
Et puis, eh, de toi à moi, si tu étais Richard Branson, ton blog ne m'intéresserait pas..!
Si j'étais Richard Branson, je n'écrirais sûrement pas ce blog, je jouerais avec mon téléphone portable qui gare ma voiture !!! :-)))
SupprimerConte de fée à deux balles, sûrement, comme tu dis... Mais au fait ? Pourquoi garer sa voiture avec un téléphone portable ?
Bon allez, je sors !
Mais bises au passage ! :-)
Que veux-tu que je te dises...
RépondreSupprimerC'est un argument de pub. Va comprendre!
Tu arrives à l'entrée du parking, tu descends de ta voiture et tu demandes à ton téléphone de s'assurer qu'elle va bien se garer toute seule.
Authentique!
J'ai même vu une séquence filmée qui en fait la promotion.
Ce serait juste drôle si malheureusement ça n'empêchera pas certains parents étourdis par ce manège absurde d'oublier quand même leurs gamins dans la voiture...
Quelle misère !